Peu d’artistes autant qu’Amon Tobin peuvent revendiquer une œuvre aussi personnelle et visionnaire, où la musique s’affranchit de toute autre considération qu’elle-même, tendant ainsi vers l’abstraction pure. Elle n’est destinée à personne en particulier , elle n’a ni autre but ni autre fonction que de se laisser absorber et approprier par l’auditeur. On connaît réellement des […]
Peu d’artistes autant qu’Amon Tobin peuvent revendiquer une œuvre aussi personnelle et visionnaire, où la musique s’affranchit de toute autre considération qu’elle-même, tendant ainsi vers l’abstraction pure. Elle n’est destinée à personne en particulier , elle n’a ni autre but ni autre fonction que de se laisser absorber et approprier par l’auditeur. On connaît réellement des gens dont les disques d’Amon Tobin ont changé la vie. C’est assez rare. Supermodified, son nouvel album, succède à Bricolage (1997) et Permutation (1998) et représente le deuxième disque majeur à sortir cette année sur Ninja Tune après le Kaleidoscope de DJ Food. C’est un disque charnière pour Amon Tobin car il est le premier réalisé avec des moyens technologiques satisfaisants et c’est pourquoi Supermodified se démarque de la drum’n’bass, genre dont Permutation constituait l’un des aboutissements. Avec tant de nouvelles possibilités, Amon Tobin aurait pu se noyer, empiler les sons à l’envi et perdre le fil de ses morceaux. Rien de tout cela : plus ambitieux et plus maîtrisé à la fois, plus original et pourtant immédiatement familier, Supermodified écrase à plate couture la quasi-totalité de la production électronique récente. Si DJ Shadow a pu être baptisé le Mozart du sample, alors Amon Tobin en est le Bach, moins inspiré et virtuose mais plus complexe et rigoureux. Proche du jazz par sa volonté de repousser toujours plus loin les frontières de sa musique et par les sons qu’il utilise, Amon Tobin établit clairement une limite : « Le jazz est affaire d’improvisation, de spontanéité, des rapports entre les membres d’un groupe, et c’est pour ça que je n’appelle pas ma musique du jazz. » Pourtant, on n’en démordra pas, Amon Tobin est, par l’esprit et le talent, l’un des plus grands jazzmen actuellement en activité.
En écoute :
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Keepin’ in steel
Precursor