On a plus parlé de Benjamin Biolay pour ses frasques que pour sa musique. Aujourd’hui, c’est avec un double album d’une grâce redoutable qu’il se fait remarquer -double album en écoute intégrale ici-même.
Sur Benjamin Biolay, 36 ans, on aura souvent entendu ceci : mec doué, surdoué même, beau gosse (un peu trop pour être honnête), grosse tête (à claques parfois), provocateur (il a été pressenti pour faire partie de jurys dans plusieurs télé-réalités), pas sympa, patibulaire, ingérable, incorrect, en marge du milieu, voire kéké sur les bords. Biolay a démarré fort, très jeune et très vite, au début des années 2000 : avec des disques pop un poil amidonnés (Rose Kennedy en 2001, Négatif en 2003), mais surtout avec un coup de maître pour le chanteur hilare et UMP Henri Salvador (Chambre avec vue).
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A l’époque, la chanson française tient son wunderkind mais ne semble pas bien savoir comment l’aimer – ça tombe bien, lui non plus. La situation est quelquefois problématique mais pas désespérée. En 2004, avec sa compagne d’alors, Chiara Mastroianni, il signe un très beau disque d’intérieur (Home), qui achève de délier les mauvaises langues. La suite est moins agréable : la presse people, qui s’intéresse de près au gendre de la grande Catherine Deneuve, a taclé Biolay en plein vol. On parle alors plus de ses frasques que de sa musique. Pendant ce temps, Biolay se bonifie dans son coin comme un beau maroilles. Ses chansons se sortent la chemise du pantalon, les textes s’écrivent au jour le jour, élégants et au plus près de l’os.
A l’origine, sorti en 2005, est salué par Alain Bashung. Trash yéyé, publié en 2007, est l’ami idéal pour ceux qui en bavent. Deux ans plus tard, après avoir été évincé de sa maison de disques, Biolay revient en homme libre avec un sixième album d’une grâce et d’une fragilité redoutables. Un disque où notre chanteur ne s’épargne rien et se permet même, dans la foulée, un peu tout. On y trouve des chansons d’amour – le vrai – (Reviens mon amour, Miss Catastrophe), des ritournelles (Night Shop, Prenons le large), des confessions parfois intimes (15 août, Ton héritage, Padam), des coups de sabot (Sans [attachment id=298]viser personne, 15 septembre), des coups d’épée dans l’eau (Mélancolique, L’espoir fait vivre), des coups de maître (Brandt Rhapsodie, Jaloux de tout).
Baptisé La Superbe en hommage à la sublime chanson qui l’ouvre en grand, cet album compagnon tient bien ensemble, porté à bout de bras par un seul et même homme, qui se met à nu, se dévoile avec justesse et pudeur, humour aussi. Un homme qui se serait résolument mis en marge du monde pour composer, enfin, son morceau de bravoure attendu.
Album : La Superbe (Naïve)
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