En 1996, Etienne de Crécy, lyonnais “immigré” à Versailles pendant son adolescence, sort en effet, à quelques mois d’intervalle, deux disques qui vont à jamais changer la représentation des musiques électroniques en France : Pansoul, un missile house sombre composé sous le nom de Motor Bass avec Philippe Zdar (moitié de Cassius et ingénieur du […]
En 1996, Etienne de Crécy, lyonnais « immigré » à Versailles pendant son adolescence, sort en effet, à quelques mois d’intervalle, deux disques qui vont à jamais changer la représentation des musiques électroniques en France : Pansoul, un missile house sombre composé sous le nom de Motor Bass avec Philippe Zdar (moitié de Cassius et ingénieur du son), suivi quelques mois plus tard de Super Discount. Enregistré très rapidement avec sa bande de potes versaillais (Alex Gopher, Nicolas Godin ou Jean-Benoît Dunckel d’Air), ce drôle de petit disque proposait, avec sa pochette jaune pétard et sa typo directement inspirée des barils de lessive, une house décapante, ludique et décomplexée.
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Deux cent mille unités de ce produit d’appel annonciateur de la déferlante French touch (succès mondiaux d’Air et Daft Punk à suivre) s’écouleront à travers le monde. La réception, voilà quelques semaines, d’un Super Discount 2 (fièrement emballé dans une pochette rose pétant) avait de quoi laisser perplexe. Quel peut être en effet, aujourd’hui, le sens d’un second volet ? Une forme de désaveu artistique ? Une tentative mercantile ?
De Crécy a rameuté une nouvelle fois ses vieux potes, Philippe Zdar, DJ Medhi, Boom Bass, Julien Delfaud, demande à chacun d’entre eux de se pointer au studio ? avec l’instrument de leur choix ? et s’attelle à toute vitesse à la réalisation du disque. Le résultat ? Pas tout à fait à la hauteur du premier, même s’il contient quelques titres imparables (tels l’Overnet d’ouverture et l’épatant Fastrack, compromis parfait entre la sauvagerie rythmique de Vitalic et les basses obsédantes de New Order), qui devraient déchaîner l’hystérie sur les dance-floors. Mais Super Discount 2 n’en reste pas moins un disque essentiel. Car ça ne fait aucun doute : de Crécy a retrouvé, avec ce second volet, une énergie et un plaisir à faire de la musique qui semblaient s’essouffler à l’époque du quasi dépressif Tempovision.
Après avoir signé le manifeste de toute une génération électronique, de Crécy opère donc un retour aux origines (en l’occurrence la techno du début des années 90, insufflée par l’utilisation de synthés et des mythiques boîtes à rythmes TB-808 et TR-303) et semble ici réaliser le disque dont il avait besoin : une bouffée d’oxygène qui lui permettra de se lancer dans d’autres aventures. Il y a huit ans, le premier Super Discount dénonçait, sous couvert de rigolade, ce que la French touch n’allait pas tarder à devenir : une grande braderie. Ce deuxième volet, en donnant à chacun des titres un nom de site d’échanges de fichier (peer-to-peer) ou de téléchargement (Soul Seek, Limewire, etc.), pose la question aiguë du financement et de la rétribution de la musique, titillant au passage l’industrie du disque là où ça fait mal.
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