Jean-Sébastien Bach a beaucoup écrit pour le piano ou le clavecin ; c’est une chance pour les artistes qui peuvent ainsi puiser dans un très vaste catalogue. Il est vrai aussi qu’aujourd’hui on ne joue plus cette musique comme au début du siècle, avec moult accents romantiques. Libre d’afféteries, cette musique connaît depuis plusieurs années […]
Jean-Sébastien Bach a beaucoup écrit pour le piano ou le clavecin ; c’est une chance pour les artistes qui peuvent ainsi puiser dans un très vaste catalogue. Il est vrai aussi qu’aujourd’hui on ne joue plus cette musique comme au début du siècle, avec moult accents romantiques. Libre d’afféteries, cette musique connaît depuis plusieurs années une renaissance qui embrasse aussi bien sa musique religieuse (Passions, Cantates…) que concertante (Brandebourgeois…) et pour instrument soliste. Dans cette série de sept danses qui animent les Suites anglaises (qui n’ont d’ailleurs rien d’anglais, puisqu’elles sont pour l’essentiel inspirées par la musique du claveciniste français Charles Dieupart, dont la carrière se déroula à Londres) s’est imposée la version pianistique délirante, frénétique et excessive de Glenn Gould (Sony). Il faut donc aujourd’hui à un nouvel interprète beaucoup d’aplomb pour renouveler ce style ou proposer quelque chose de différent. Murray Perahia n’a pas tenté de concurrencer Gould sur son propre terrain, celui de la folie et de l’emportement virtuose ; il a opté pour la deuxième solution.
Sans renier le jeu caractéristique, élégant et raffiné, qu’on lui connaît dans Mozart (Concertos pour piano) et qui a fait son succès, il aborde les Suites par un autre angle, guidé par un souci de respiration et de clarté chaleureuse. Du coup, son Bach chante autant que celui de Gould, mais d’une autre manière, peut-être moins tellurique et mystérieux, mais avec un sens admirable de l’équilibre et de la dynamique. Organiste et également violoniste, Bach a composé pour son instrument seul trois Sonates et trois Partitas. Selon son fils cadet, Carl Philipp Emanuel, « dans sa jeunesse et jusqu’à un âge avancé, il jouait du violon avec pureté et précision, et conservait ainsi l’orchestre en meilleur ordre qu’il n’eût pu le faire depuis son clavecin. Il entendait parfaitement les possibilités de tous les instruments à cordes. Ses oeuvres pour violon et violoncelle seul en témoignent. » Là encore, même si des versions discographiques de cette oeuvre d’une virtuosité haletante abondent, celle de Miriam Fried (Israélienne née en Roumanie) impressionne par la capacité qu’a l’interprète d’en renouveler à chaque instant les couleurs. D’un geste souple, cette mélodie si solitaire et impétueuse touche à la spiritualité.
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Bach – Suites anglaises n°os 2, 4 et 5 ; Murray Perahia, piano (Sony Classical)
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