Le grand album new age de 2020 est là, dans ce dédale inouï de sonorités synthétiques et d’envolées électroniques orchestré par Sufjan Stevens et son beau-père.
En 2015, au moment de la sortie du superbe Carrie & Lowell, son très introspectif septième album, Sufjan Stevens disait : “La personne qui pour moi se rapproche le plus d’un père est Lowell”. Ce Lowell en question, c’est Lowell Brams, son beau-père : celui qu’il connaît depuis ses cinq ans, à l’époque où ce dernier tenait une libraire dans l’Oregon ; celui qui se passionne pour la musique électronique et expérimentale depuis plus de trente ans ; celui avec qui il a fondé Asthmatic Kitty Records en 1999 et aux côtés duquel il a enregistré Music for Insomnia, une collection d’instrumentaux censés soulager les troubles du sommeil.
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Des pièces richement orchestrées
Pour l’Américain, dont on connaît le goût pour l’extravagance et les projets démentiels, Aporia n’a donc rien d’un album collaboratif quelconque. D’ailleurs, celui-ci n’a pas été pensé comme un album à proprement parler. C’est un dédale, profondément marqué par les arabesques organiques de John Carpenter et les envolées solaires de Mogwai, par les textures électroniques de Wendy Carlos et le sens de l’improvisation de Sun Ra.
What It Takes, Agathon, Climb That Mountain : toutes ces compositions sont avant tout le résultat de nombreuses jams sessions, étalées sur plusieurs années et entamées entre deux albums ou deux concerts. Impossible pour autant de considérer ces vingt-et-un morceaux comme de simples chutes de studio, réunies sur un même projet et emballés dans l’idée de récolter quelques billets verts.
Ce sont des pièces richement orchestrées, peaufinées aux côtés d’une multitude musiciens (issus de formations telles que Doveman, Sunn o))) ou The Shins) et suffisamment synthétiques pour surprendre ceux qui ont découvert Sufjan Stevens à travers ses compositions, très intimes, très douces, réalisées pour Call Me By Your Name (2017).
Loin du sentimentalisme désarmant de Mystery Of Love, chanson pour laquelle l’Américain a été nominé aux Academy Awards, Aporia s’entend comme une odyssée psyché, un fantastique périple vers le cosmos (déjà entamé à l’époque de The Age Of Adz en 2010), qui permet aux deux Américains de s’arracher de leurs racines terriennes pour aller fréquenter de hautes atmosphères.
Aporia Asthmatic Kitty/Differ-Ant
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