Ambitieux et richement orchestré, le dernier volet d’une trilogie des héros britpop.
Depuis leur reformation en 2010, les Anglais de Suede ont réussi avec panache leur passage au XXIe siècle, grâce à des concerts étincelants, mais aussi à des albums à la fois cérébraux et viscéraux. Après Bloodsports (2013) et le vénéneux Night Thoughts (2016), qui s’accompagnait d’un film, la bande de Brett Anderson est déjà de retour avec ce que le groupe définit aujourd’hui comme le troisième volet d’une trilogie entamée lors de leurs retrouvailles. « Depuis qu’on recommencé à faire des disques, raconte Brett Anderson, je me suis rendu compte que j’adorais vraiment ça et je crois qu’on a encore beaucoup de choses à dire artistiquement. On s’arrêterait, sinon. On a encore des territoires à explorer et je trouve ça très excitant. » En témoigne cette nouvelle œuvre où Suede reste toujours pertinent et fascinant, vingt-cinq ans après son premier album éponyme.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Comme en français, l’expression The blue hour décrit ce moment suspendu entre la fin du jour et le début de la nuit. Ce huitième album a été conçu comme une continuité de chansons, sans pour autant être un concept-album. La démarche rappelle The Ninth Wave de Kate Bush, pour qui le groupe n’a jamais caché son admiration. « Sur « Night Thoughts » et « The Blue Hour », on a essayé de lier les morceaux par un thème, un fil conducteur, une narration sous-jacente qui ne doit pas être envahissante, note Brett. On aime ce côté un peu impressionniste, à la Seurat« . Ce chanteur et parolier incandescent prolonge ses questionnements intimes sur la filiation, déjà évoqués en début d’année dans son autobiographie, Coal Black Mornings.
Un album plus généreux en riffs foudroyants
En plus d’aligner des références culturelles parfaites, les cinq musiciens n’ont pas peur de sortir du format pop pour aller voir ailleurs : récemment installé dans la campagne anglaise, Brett adapte son champ lexical à son nouvel environnement et signe des textes prenants sur la violence de la nature. « C’est important de continuer à surprendre, lâche-t-il avec un sourire en coin. Je n’aime pas la musique qui ne me prend pas par surprise. C’est d’ailleurs pour ça que je déteste le blues : je sais exactement quel va être le prochain accord, la prochaine rime« .
Epaulé par Alan Moulder à la production, le groupe s’est entouré d’un chœur et des cordes majestueuses du City of Prague Philharmonic Orchestra (avec l’aide Craig Armstrong sur l’envoûtant The Invisibles). « Avec notre album précédent, on a choisi d’écrire des chansons différentes, hors du temps, qui demandent une immersion totale, explique le bassiste Mat Osman. Cette fois, on a voulu aller encore plus loin« . Moins crépusculaire que le second volet de la trilogie et plus généreux en riffs foudroyants, The Blue Hour offre une ribambelle de morceaux somptueux (notamment Life Is Golden et Beyond The Outskirts), largement à la hauteur de leur légende – beaucoup de groupes des Nineties ne peuvent pas en dire autant.
{"type":"Banniere-Basse"}