Self contrôle Self Subliminal plastic motives (Zoo/BMG) Réformé P4 de l’armée du rock, Self en méprise les dogmes et la discipline. Fouineur et jouissif, son album rendrait Beck jaloux. Sur la photo, il ressemble à Beck et ce n’est peut-être pas tout à fait un hasard : Matt Mahaffey, 22 ans, auteur-compositeur-arrangeur, multi-instrumentiste originaire de […]
Self contrôle Self Subliminal plastic motives (Zoo/BMG)
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Réformé P4 de l’armée du rock, Self en méprise les dogmes et la discipline. Fouineur et jouissif, son album rendrait Beck jaloux.
Sur la photo, il ressemble à Beck et ce n’est peut-être pas tout à fait un hasard : Matt Mahaffey, 22 ans, auteur-compositeur-arrangeur, multi-instrumentiste originaire de Kingsport (Tennessee) et contrôleur unique de Self fait une entrée plutôt remarquée dans la famille des bidouilleurs solitaires. Comme le ludion Beck, il a lui aussi grandi aux sons mélangés du rock et du hip-hop, des guitares et des samples, refusant de choisir un plan de carrière et préférant naviguer à l’aveugle. Un autre de ces types notoirement sans discipline ni valeur, un insoumis qui toise tous les petits troufions rangés derrière leurs références, un réformé P4 de l’armée du rock. Self, ou la quintessence de la démerde artistico-libertaire. Du do it yourself, justement. En fouillant un peu nos mémoires, les repères les plus nets auxquels on pourrait rattacher Self dans cette cartographie d’îlots et de zones vierges ont pour nom Ultra Vivid Scene ou Mabuses : toujours des types seuls, rarement identifiables hors de leurs bulles protectrices. La différence, c’est que rien ici ne semble proscrit au nom d’une pseudo-cohérence, comme en témoigne cette pochette divisée en douze mini-pochettes correspondant à chaque titre de l’album : un greatest hits, voilà qui pour un premier album est assez révélateur quant aux intentions. Une paille que l’on n’avait entendu musique aussi peu dogmatique, capable d’embrasser en quinze secondes chrono un riff au ras du bitume, une rythmique aquatique et une mélodie perchée dans les étoiles. Mais du foutoir qui lui tient lieu de méninges, Matt Mahaffey a su extraire une grâce espiègle que l’on retrouve en fil d’Ariane sur tout l’album : à tout moment, un refrain ou un pont qui culmine encore un Américain qui a sûrement écouté XTC dans les moindres détails , des sons parcimonieux venus de nulle part, un souci d’éclectisme assez convaincant pour ne pas distraire l’attention de l’auditeur une seule seconde. Comme il est si judicieusement écrit en post-scriptum : « Je vous en prie, informez tous vos amis de l’existence de ce merveilleux objet autoproduit. » En anglais, Self product.
Christophe Conte
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