Réjouissant trublion de la scène musicale hexagonale, toujours aussi inclassable et indomptable, King-Ju resurgit en forme éclatante avec un album ravageur porté tout du long par un irrésistible élan frondeur.
En activité débridée depuis 20 ans, Stupeflip batifole en toute liberté entre plusieurs sphères – hip-hop, punk, electro, pop, rock indé – et propulse des morceaux tonitruants, pour la plupart chargés à ras bord d’humour acide et/ou absurde, qui emportent par leur truculence verbale autant que par leur virulence musicale. À l’origine du projet se trouvent trois rappeurs et producteurs : Julien Barthélémy, Stéphane Bellenger et Jean-Paul Michel.
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Déployant un univers fortement empreint de SF déjantée, au niveau graphique comme sonore, le groupe évoque un OVNI fantasmagorique, à bord duquel chahutent de fieffés agitateurs déterminés à conquérir la planète Terre afin d’y faire advenir “l’ère du Stup” – ni plus ni moins. D’albums en albums, depuis l’inaugural Stupeflip (2003), il déroule ainsi l’épopée rocambolesque d’un inénarrable “CROU” (cousin farceur du crew américain) dont les protagonistes s’appellent King-Ju, MC Salo, Cadillac, Pop Hip ou encore Sandrine Cacheton.
Stupeflip à son meilleur
Cinq ans après Stup Virus (d’une extrême contagiosité), Stupeflip repasse à l’attaque avec Stup Forever. Principal animateur de cette iconoclaste entreprise musicale, Julien Barthélémy, alias King-Ju, a concocté seul ce nouvel album, hormis deux morceaux (The Platform et Régions fédérées) conçus avec ses acolytes Stéphane Bellenger – alias Cadillac – et Jean-Paul Michel – alias MC Salo. Il a aussi réalisé l’illustration de la pochette, dans un style BD sous LSD typique de l’esthétique du groupe.
Flow qui happe, paroles qui décapent et rythmes qui frappent : Stupeflip (ré)apparaît à son meilleur sur les 19 morceaux, dont plusieurs courts interludes, que déverse l’album. Multipliant les punchlines assassines, enchaînant les allitérations-déflagrations et les assonances-fulgurances, le “chevalier braillard” – tel qu’il s’autoproclame sur le crépitant Étranges phénomènes – caracole avec un panache formidable. À travers la saga rocambolesque du Stup se manifeste ici, par éclats, une vision mordante de notre époque et de ses (nombreuses) tares : on le sait, la (science-) fiction n’est qu’une projection du réel.
Choisi comme premier single et situé en début d’album, Dans ton baladeur (DTB) – hymne rétrofuturiste glorifiant la puissance musicale de Stupeflip – place d’emblée le curseur à un haut niveau d’intensité. Sans la moindre scorie, le reste est à l’avenant, ponctué de morceaux imparables tels que Tellement bon, (auto-) portrait délectable d’un accro à la fumette, Les Voûtes, percutante divagation syncopée sur le passage du temps, ou encore Stay Positiv’, splendide instrumental électro qui clôt l’album avec une envolée magistrale. Oui, au final, pas de doute : Stup Forever !
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