Le fonds des archives de Studio One semble inépuisable, surtout lorsqu’on sait que seulement moins d’un tiers des bandes enregistrées a été publié. Louable initiative que cette nouvelle compilation des archivistes de Soul Jazz, qui consacrent enfin un volume aux voix féminines ayant enregistré pour le légendaire label de Clement Coxsone Dodd. Comme tout bon […]
Le fonds des archives de Studio One semble inépuisable, surtout lorsqu’on sait que seulement moins d’un tiers des bandes enregistrées a été publié. Louable initiative que cette nouvelle compilation des archivistes de Soul Jazz, qui consacrent enfin un volume aux voix féminines ayant enregistré pour le légendaire label de Clement Coxsone Dodd. Comme tout bon studio qui se respecte, Studio One possédait un groupe de choristes maison baptisées les Soulettes, qui dès le milieu des années 1960 accompagnait la plupart des artistes masculins du label. Mielleux
et sucré, leur King Street emprunte sa douceur au rocksteady et sa rythmique au ska, dessinant les contours du reggae au féminin. Rita Anderson et Hortense Ellis ont notamment participé au trio, avant de connaître leurs premiers succès en solo.
Autre pionnière du reggae au féminin, Marcia Griffiths a également effectué ses débuts chez Studio One avec l’exquis Tell Me Now, avant de rejoindre, au sein des I-Three, Rita Anderson, devenue Marley après avoir rencontré Bob lors d’une session. A l’instar de My Man de Jennifer Lara ou de Come to Me des Jay Tees, les paroles évoquent ici une société jamaïcaine machiste qui impose bien souvent aux femmes la soumission à la domination masculine. Cette phallocratie est bien éloignée du mystique Dream Land chanté par Della Humphrey, qui n’est autre qu’une reprise d’un classique écrit par Bunny Wailer en 1975, mais crédité ici comme datant de 1966. Les notes de pochette vagues et les infos approximatives constituent le seul bémol de cette sélection impeccable.