Un album posthume, c’est souvent sale, un peu dégoûtant. La peur de violer une sépulture se montre aussi vivace que le désir de découvrir des embryons de morceaux gardés comme de fragiles secrets. Arrangé par des Mescaleros orphelins de leur chef, Streetcore diffère des autres cas d’exhumation : le temps de dix chansons, il fait […]
Un album posthume, c’est souvent sale, un peu dégoûtant. La peur de violer une sépulture se montre aussi vivace que le désir de découvrir des embryons de morceaux gardés comme de fragiles secrets. Arrangé par des Mescaleros orphelins de leur chef, Streetcore diffère des autres cas d’exhumation : le temps de dix chansons, il fait naître un mirage, une apparition, celle d’un Strummer continuant à pianoter sur son antique machine à écrire ses odes au mythe du rock’n’roll.
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Certaines coïncidences s’avèrent intriguantes, comme cette émouvante reprise du Redemption Song autrefois signé par un Marley déjà entre la vie et la mort ? et la parution prochaine d’une version enregistrée en duo avec Johnny Cash risque d’approfondir encore le trouble. Initialement écrite par l’ancien Clash pour « l’Homme en noir », la touchante ballade Long Shadow pourrait, elle, faire figure d’élégante épitaphe. Malgré leurs allures prémonitoires, ces deux enregistrements acoustiques et dénudés ne plombent pas Streetcore. De Ramshackle Day Parade à Get Down Moses, c’est bien vivante et musicale que l’on retrouve la poésie beat de Strummer.
Exécuté d’entrée, l’accrocheur Coma Girl le dévoile (presque) rajeuni : pour la première fois depuis très longtemps, il entonne, la voix claire et convaincue, un vrai hymne rock, racé et urgent. Plus loin, il offre à un de ses vieux crachats punk, London’s Burning, une fausse suite country (Burnin’ Streets). L’hédonisme bonhomme et final du Silver and Gold repris à Bobby Charles le prouve : cet homme voulait tromper la mort en profitant jusqu’à l’ultime moment de son existence.
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