Dans les années 80, Jane s Addiction ressuscita, en force et en démesure, le rock’n’roll flamboyant : en lui plantant des électrodes dans les testicules, en lui injectant un mélange volcanique de mercure et de stéroïdes dans les muscles, en lui lessivant le cerveau aux idées noires et floues. Une sorte de heavy-metal, mais le […]
Dans les années 80, Jane s Addiction ressuscita, en force et en démesure, le rock’n’roll flamboyant : en lui plantant des électrodes dans les testicules, en lui injectant un mélange volcanique de mercure et de stéroïdes dans les muscles, en lui lessivant le cerveau aux idées noires et floues. Une sorte de heavy-metal, mais le métal tout rouillé, nid de tétanos, les bords tranchants et pailletés, sans cesse au bord de la crise de nerfs ? ou de rire. Un heavy-metal cérébral (non, ce n’est pas un oxymore), qui kidnappait pour les défigurer des musiques chapardées au hasard de leurs digressions (folk, rock indé, prog-punk ) par deux leaders beaucoup trop larges et intenses pour partager un seul groupe : le guitariste nucléaire Dave Navarro et le chanteur pédant Perry Farrell. Fatalement, ce bouillonnement de tension, de violence sourde et de compromis réglés dans l’excès allait tuer le groupe, sabordé en 1991.
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Mais visiblement, tout n’avait pas encore été dit, rongé, laminé, perverti par ces deux vocabulaires qui, ici encore, s’emboîtent avec une mystérieuse complicité. Il faut dire qu’aux manettes de Strays, on retrouve un Bob Ezrin déjà largement aguerri aux chantiers suicidaires et à la mise en scène de l’outrance, d’Alice Cooper à Pink Floyd (The Wall)? On pouvait craindre, avec une telle concentration d’irrationnels et d’egos à bride abattue, une dégringolade dans la grandiloquence, le mélodrame : Strays y échappe souvent, même si les paroles de Farrell demeurent toujours aussi antipathiques et bidons. Elle gâche même parfois des rocks pourtant fascinants, physiques et branlants, qui évoquent un Mercury Rev qui aurait plus forcé sur le mercure que sur les rêves, sur le hard-rock que sur le prog-rock. Ou un U2 tombé sur la tête un jour où, par terre, il y avait plein de copeaux de métal. Mais si on n’en attendait pas moins de Perry Farrell ? aussi esthète que tête à claques, aussi éblouissant que m as-tu-vu ?, on n’en attendait pas autant de Jane s Addiction.
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