Un surdoué de l’électronique tordue et un magnat de la guitare anglaise s’unissent pour un disque antistress et un concert savant. Sur le papier, c’est l’association la plus cocasse de l’époque. A gauche, Luke Vibert, électronicien insolent et doué connu pour ses toujours spectaculaires hold-up musicaux à visage découvert ou sous les postiches Wagon Christ […]
Un surdoué de l’électronique tordue et un magnat de la guitare anglaise s’unissent pour un disque antistress et un concert savant.
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Sur le papier, c’est l’association la plus cocasse de l’époque. A gauche, Luke Vibert, électronicien insolent et doué connu pour ses toujours spectaculaires hold-up musicaux à visage découvert ou sous les postiches Wagon Christ et Plug. A droite, BJ Cole, guitariste anglais quinquagénaire, véritable Rostropovitch de la steel-guitar, membre des oubliés Cochise au début des seventies mais comptable d’un nombre incalculable de sessions depuis trente ans de T. Rex à Hanson et de Scott Walker à Jah Wobble pour situer l’étendue du panorama.
A priori, telle alliance devait aboutir à un dialogue de sourds, une greffe impossible. Mais quand on connaît l’élasticité de la chair musicale de Luke Vibert (rudement mise à l’épreuve sur le jouissif Tally ho! de Wagon Christ en 98), la relation présente du DJ et du BJ paraît finalement moins incongrue qu’on le redoutait. Vibert et Cole ont choisi de s’affronter sur un terrain neutre en forme d’éden : celui de l’exotica, ces drôles de musiques expérimentales popularisées dans les années 50 par Arthur Lyman, Esquivel ou Les Baxter et remises à flot par la vague easy-listening il y a quelques printemps.
Stop the panic est donc avant tout un disque de mood-music, un manifeste antistress enjolivé par les chaloupés cartoonesques des guitares hawaiiennes, charmant comme une carte postale équatoriale et parfumé par d’amicales essences récoltées en rêve dans d’improbables paradis immobiles. L’électronique passive de Luke Vibert s’acclimate ainsi à merveille aux songes moites que lui imposent les volutes insensées de son partenaire d’un jour, lequel manie son instrument comme une plume d’oiseau des îles. Comme BJ Cole possède plus de six cordes à sa guitare, maîtrise toutes les nuances depuis le western swing jusqu’au surf et peut aussi bien verser dans la mélancolie que dans l’ivresse pure, sa compagnie irradie forcément toutes les formes environnantes. Accompagné d’une escouade de musiciens maximalistes, Vibert a puisé dans sa culture hip-hop et electro une gamme de beats dont les cascades savantes tombent toujours à pic. Même si la multiplication des clins d’œil (à Afrika Bambaataa, à la musique concrète, à Yma Sumac, aux Beatles) pouvait à la longue déconcentrer le regard, il parvient toujours à triompher des pièges en carambolant ses influences les unes dans les autres, à la fois serviteur modeste et metteur en scène superlatif. Comme le souligne l’un des titres : This stuff is fresh.
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