En refusant les cadences infernales de la fusion, Skunk Anansie a enfin trouvé d’autres couleurs pour son courroux. Dans l’avalanche de médailles en chocolat qu’elle distribue chaque année aux groupes de rock, la presse musicale américaine a récompensé Skunk Anansie pour ses prestations scéniques. La distinction, au demeurant inutile, manque à la fois de panache […]
En refusant les cadences infernales de la fusion, Skunk Anansie a enfin trouvé d’autres couleurs pour son courroux.
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Dans l’avalanche de médailles en chocolat qu’elle distribue chaque année aux groupes de rock, la presse musicale américaine a récompensé Skunk Anansie pour ses prestations scéniques. La distinction, au demeurant inutile, manque à la fois de panache et de justesse : élire un groupe pour son charisme scénique est à peu près aussi cynique que de récompenser quelqu’un pour sa ponctualité. S’il avait fallu réellement décorer Skunk Anansie de quoi que ce soit, seule la médaille du mérite aurait eu une quelconque signification. Quel mérite ? Celui de botter le cul à un rock assoupi sur ses contrats discographiques en le dotant à nouveau d’une réelle vertu contestataire, celui d’avoir ôté aux décérébrés suffisants de Rage Against The Machine le privilège de s’adresser aux jeunes et, enfin, celui de parler de « liberté de sa sexualité » en termes de tolérance et non de revendication. Autant de thèmes dont l’amateur moyen de rock radical se cogne royalement mais qui ont fait de Skunk Anansie ce groupe à part dans le rock dur actuel. Un groupe intimidant, resserré en power-trio et gouverné par une chanteuse noire sortie des quartiers de Brixton pour qui rock et conscience sont deux notions indissociables. Si Paranoid & sunburnt avait la force d’un premier album coup de poing précis, pointu, en proie à une sévère crise de guitares , Stoosh brille d’un autre éclat, et on découvre soudain un groupe absous de toute contrainte de forme. Désobéissant au très rigoriste règlement du hardcore metal, Skunk Anansie apprivoise la modernité en adoptant le sample, réchauffe l’atmosphère avec quelques sonorités dub, s’affirme comme un groupe à la fois capable de brutalité sèche lorsqu’il sculpte ses pamphlets politiques dans l’électricité (Yes, it’s fuckin political) et de glissades langoureuses vers des orchestrations plus sensuelles (Infidelity, Hedonism). Manifestement, Skin a mis un peu de miel dans sa colère. La mélancolie, l’allant romantique et les déceptions amoureuses thèmes formellement prohibés dans le premier album bénéficient ici d’une dérogation, quelques violons étant même autorisés à adoucir les mœurs. Une respiration salutaire dans un répertoire où désormais le plomb n’est plus le seul maître du jeu. Encore un effort et Skunk Anansie inventera le trip-hop hardcore au prochain album.
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