“Je veux baiser, boire de la bière et fumer un truc” : si leur rime la plus connue extraite de Psycho dwarf sonne comme le degré zéro de la profession de foi, il nous faut pourtant bien avouer un faible pour cette bande de branleurs surdoués du Queens (NY). Un penchant contestable mais […]
« Je veux baiser, boire de la bière et fumer un truc » : si leur rime la plus connue extraite de Psycho dwarf sonne comme le degré zéro de la profession de foi, il nous faut pourtant bien avouer un faible pour cette bande de branleurs surdoués du Queens (NY). Un penchant contestable mais pourtant jamais pris en défaut depuis leurs débuts officiels dans l’arène rap en 1993, avec un classique de mini-album : Intoxicated demons. Passés au second album de trio à duo avec le départ de Fashion rebaptisé Al Tariq pour sa carrière solo , les Beatnuts gagnèrent d’abord nos suffrages par leur originalité. Ils emportent encore notre adhésion grâce à leur détermination d’en découdre avec les conventions : jamais prémédité, leur style imprévisible et bigarré ne cherche ni à suivre les modes ni à en lancer de nouvelles. Impossible de détecter une application studieuse, une once de compromission ou une quelconque prétention dans ces compositions gourmandes et ludiques, gouvernées au plaisir et à l’instinct. Leur musique demeure une expérience rafraîchissante où cohabite une bouillonnante palette de couleurs, chaque titre semblant issu de leurs différents états d’âme. On entend ainsi les répercussions d’une grosse séance de déconnade (Stone crazy et Give me the ass, basé sur l’hymne disco Forget me nots de Patrice Rushen), les graves conséquences d’une soudaine poussée de blues (Do you believe), les effets dévastateurs d’une crise de rage (Niggaz know et Thinkin’bout cash) ou l’écho à peine déformé d’une déflagration d’optimisme (le poilant Strokes, sur lequel on jurerait entendre le rugissement issu du larynx de Joey Starr). Seule constante, une jubilation communicative ignorant le second degré, les bonnes manières et les métaphores brillantes ou hermétiques : coutumiers des rimes stupides à l’humour bête et méchant, Psycho Les et Juju jouent cartes sur table et demandent à être pris au comptant, en MC couillus, remuants, misogynes et grandes gueules dont les uppercuts frappent direct et juste. Producteurs impeccables (NTM, Common Sense, Fat Joe…), ils ont aussi l’intelligence de puiser dans un très large spectre musical qui achève de donner une saveur inédite à leur style percutant.
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