“Quand vous êtes un enfant, la première chose que vous prenez c’est un crayon, puis si vous êtes chanceux vous prenez un pinceau, et si vous êtes encore chanceux une caméra pour jouer avec. J’ai fait de la peinture puis j’ai pris une caméra.” Naturellement, et comme son nom l’indique, l’Anglais Steve McQueen fait dans […]
« Quand vous êtes un enfant, la première chose que vous prenez c’est un crayon, puis si vous êtes chanceux vous prenez un pinceau, et si vous êtes encore chanceux une caméra pour jouer avec. J’ai fait de la peinture puis j’ai pris une caméra. » Naturellement, et comme son nom l’indique, l’Anglais Steve McQueen fait dans le cinéma : mais lui réalise des films artistiques. Sa spécialité, mélanger les supports et les techniques. Ce jeune Londonien de 29 ans filme en super-8, projette en vidéo, tourne une séquence de quelques secondes en 16 mm, répète la scène plusieurs fois, la met en boucle sans utiliser la vidéo ou le numérique pourtant si pratiques aujourd’hui. Cette volonté de mélanger les genres et de ne pas utiliser la technologie pour ce qu’elle est s’exprime jusque dans l’agencement de son exposition. A la galerie Marian Goodman, il profite de l’exiguïté de la pièce pour projeter face à face deux films très différents. D’abord Exodus, une séquence en super-8 retrouvée dans ses archives personnelles. Deux hommes noirs, tenant chacun une plante verte dans les mains, surgissent dans le champ de la caméra. Steve McQueen les suit à travers les rues de Londres jusqu’à leur montée dans un bus. Une scène incongrue, rendue encore plus insolite par le salut que l’un des deux hommes adresse à la caméra, et qui ressemble étrangement à un départ pour un long voyage. Changement de ton, changement de registre avec Something old… qui interroge à sa manière le cinéma. Une main qui avance sur le sol, à moins qu’il ne s’agisse du même geste répété à l’infini. Qu’est-ce qu’une image en mouvement ? La main et la bande filmique bougent toutes les deux sur l’écran : sans qu’on puisse décider, l’illusion d’optique est parfaite. Et pendant ce temps, le spectateur navigue entre les deux films, projette inévitablement son ombre sur les écrans rapprochés. Une façon de nous impliquer dans l’image, de nous troubler le sens et la vue. Au sortir de cette mini-salle de cinéma et de ce petit espace d’exposition, on se demande encore comment peu de moyens peuvent produire autant d’effets. Seul le talent compte.
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