Bassiste de Pulp et producteur, l’Anglais a insufflé son panache dans l’ère britpop et bien après. Il est mort ce jeudi 2 mars à l’âge de 56 ans, après trois mois d’hospitalisation.
Voilà encore un hommage qu’on n’aurait pas dû écrire avant plusieurs décennies si ce monde tournait rond. Il était beaucoup trop tôt pour dire adieu à Steve Mackey, le bassiste légendaire de Pulp, mort jeudi 2 mars au matin à l’âge précoce de 56 ans des suites d’une maladie non divulguée, à cause de laquelle il était hospitalisé dans le secret depuis trois mois.
Ce héros de la britpop avait annoncé en octobre 2022 qu’il ne participerait pas à la tournée 2023 de Pulp car il préférait se consacrer à d’autres projets musicaux, cinématographiques et photographiques qu’il avait en cours.
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Sur Instagram, Jarvis Cocker, son ami et leader de Pulp, a publié une photo de Steve Mackey de dos dans un paysage montagneux lors d’une tournée de 2012 en Amérique du Sud, accompagnée d’un texte touchant : “Nous avions une journée de repos et Steve a suggéré que nous pourrions faire l’ascension des Andes. C’est ce que nous avons donc fait. C’était une expérience complètement magique. Bien plus magique que de fixer le mur de la chambre d’hôtel toute la journée (ce que j’aurais probablement fait autrement). Steve réalisait des choses. Dans sa vie et dans le groupe. Nous aimerions beaucoup penser qu’il est à présent reparti dans ces montagnes, sur la prochaine étape de son aventure. Bon voyage, Steve. Nous espérons te retrouver un jour.”
Musicien raffiné
D’autres figures de proue de la scène britannique (Noel Gallagher, Suede, Radiohead, Massive Attack, Jamie Hewlett…) ont posté des témoignages d’admiration envers ce musicien raffiné. Ce natif de Sheffield avait eu pour camarade de classe Richard Hawley, qui a lui aussi été membre de Pulp, plus brièvement. Steve Mackey s’est toujours intéressé à la culture dans sa globalité. En 1988, il est parti vivre à Londres pour suivre des études de cinéma au Royal College of Art, d’où il est sorti diplômé quatre ans plus tard.
Entretemps, il a rejoint la bande de Pulp en 1989 en devenant leur bassiste attitré à partir de leur troisième album, Separations (1991) – avant lui, une ribambelle de musiciens s’étaient succédé dans ce rôle. Son arrivée coïncide avec le début du succès de Pulp dans le tsunami britpop. En collaboration avec les autres musiciens du gang, il participe à la composition de la quasi-totalité de leur répertoire (les textes, quant à eux, sont signés Jarvis Cocker).
La suite est une série d’albums inoubliables qui font aujourd’hui partie du patrimoine britannique, des joyaux de la couronne tels que His ‘N’ Hers (1994), Different Class (1995) et This Is Hardcore (1998). Dans une britpop parfois tentée par des guitares lourdaudes et des refrains au ras du plancher, Pulp a injecté toute son élégance et son intelligence, perceptibles même dans leurs singles plus mainstream comme les hymnes inusables Do You Remember the First Time?, Disco 2000 et Common People.
Infiniment cool
Depuis leur ultime disque, We Love Life (2001), les Anglais se sont reformés à plusieurs occasions pour des tournées époustouflantes, loin de toute nostalgie poussiéreuse. On a ainsi pu constater à de nombreuses reprises que Steve Mackey n’avait rien perdu de sa superbe, magnétisant les regards avec son port altier, son jeu de basse éclatant et son allure folle.
En parallèle, ce touche-à-tout a aussi été un producteur et collaborateur très demandé chez d’autres artistes – citons par exemple M.I.A., Marianne Faithfull, The Horrors, The Long Blondes, Florence + the Machine, Palma Violets, Serafina Steer, ou encore Arcade Fire. Il a également réalisé de nombreux remixes et participé à plusieurs projets de Jarvis Cocker, albums solo ou compilations. On doit notamment à ce tandem en or la plantureuse compilation The Trip, publiée en 2006.
Ces dernières années, Steve Mackey a relié sa passion pour la musique à d’autres disciplines en participant au projet Call This Number (captations de performances live de Gruff Rhys, Primal Scream, Jon Spencer Blues Explosion…) en compagnie de Jeannette Lee et de Douglas Hart en 2016, mais aussi en devenant sound designer et directeur musical pour des musées (MoMA, Louvre…), ou pour le monde de la mode (Saint Laurent, Miu Miu…). Aux côtés du styliste Alessandro Michele, il a élaboré des bandes-sons pour Gucci.
Il était d’ailleurs marié à la styliste et journaliste de mode Katie Grand depuis 2009. Ce couple uni, installé dans le nord de Londres, a souvent collaboré à quatre mains pour le magazine Love, cofondé par Katie Grand l’année de son mariage. Steve Mackey passait souvent de l’autre côté de l’appareil photo en tant que photographe de mode. Il laisse derrière lui son épouse et leur fils, Marley, dont la carrière musicale déjà bien lancée (avec Insecure Men, Danny Goffey, Warmduscher) prend la même tournure, racée et infiniment cool, que celle de son père.
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