Après RadioMentale sur le volume 1, c’est aux Marseillais de Troublemakers qu’a été confié ce second exercice de mise en scène auditive, prolongement direct et légitime de leurs propres travaux d’auteurs. Dans une ambiance surchauffée d’un bout à l’autre, directement en prise avec la moiteur des productions black seventies, entrecoupée de discours militants et de […]
Après RadioMentale sur le volume 1, c’est aux Marseillais de Troublemakers qu’a été confié ce second exercice de mise en scène auditive, prolongement direct et légitime de leurs propres travaux d’auteurs. Dans une ambiance surchauffée d’un bout à l’autre, directement en prise avec la moiteur des productions black seventies, entrecoupée de discours militants et de diverses interventions sonores du plus trouble effet, ce mix déborde largement du cadre ordinaire et plan-plan des accumulations de morceaux. Outre le choix d’ensemble très judicieux, réunissant quelques jazzmen parmi les plus incandescents de l’époque (Yusef Lateef, Rahsaan Roland Kirk), des valeurs soul toujours cotées (Eddie Kendricks, Nina Simone) et des bidouilleurs contemporains pour le lien avec l’electro (Paul Hunter, Funki Porcini), on est surtout épaté par la façon dont cette matière brute parvient à s’emboîter et à dialoguer sans faux raccords.
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Tel un long poème urbain ponctué de fulgurances verbales et instrumentales, traversé d’une fièvre étonnamment palpable, ce montage serré nous épargne les trop communes madeleines blaxploitation (pas de guitares wah-wah ni de pattes d’eph Huggy les Bons Tuyaux) au profit d’une recherche climatique où la radicalité du propos (Last Poets, Black Panthers, jusqu’au Chaplin du Dictateur) est tempérée par la luxuriance musicale. A ce titre, la présence opportune d’un merveilleux morceau méconnu de François de Roubaix (La Fête des deux avions) démontre l’étendue panoramique des goûts des Troublemakers. Il ne reste qu’à inventer le film digne de cette somptueuse partition.
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