Dans le monde du foot comme dans celui du rock, on s’est longtemps moqués de la gaucherie des Européens du Nord. Au hit-parade des sujets de rigolade, les Suédois : aussi à l’aise dans les phases de dribbles qu’un canari dans une bassine d’eau froide, suivis de très près par les Norvégiens et les Islandais, […]
Dans le monde du foot comme dans celui du rock, on s’est longtemps moqués de la gaucherie des Européens du Nord. Au hit-parade des sujets de rigolade, les Suédois : aussi à l’aise dans les phases de dribbles qu’un canari dans une bassine d’eau froide, suivis de très près par les Norvégiens et les Islandais, co-Grammy Awards de la stérilité en attaque, la médaille de bronze revenant sans aucun doute aux Danois, bulldozers briseurs de jambes et marathoniens de l’inutile. Puis, le Danemark a accroché l’Euro Foot à son palmarès et la péninsule nordique s’est mise à exporter ses joueurs mercenaires par lot de dix. En même temps que les Daehlin, Laudrup, Solkjäer ou Schmeichel déferlaient sur le championnat anglais de foot, le rock nordique abandonnait ses tenues pleines de cambouis et Björk, Popsicle, 22 Pistepirkko, Eggstone ou Cardigans jouaient des coudes en tête des charts. Il faudra se rappeler de cette analogie pour comprendre à quel point les Suédois de Brainpool ne feront plus rire personne dans quelques semaines. Demain donc, Oasis s’entichera de Brainpool comme d’une réplique nordique, et les conviera en première partie de tournées sur la foi du tube pour stades Sister c’mon. Puis, aidé par la presse britannique, Brainpool mangera la soupe sur la tête d’un Oasis rongé par ses affaires intestines, s’imposera comme un groupe ouvragé ad hoc pour les sommets du Top of the Pops. Barricadé derrière ses orgues néo-mod et ses singles post-punk chapardés dans le meilleur Jam (Smallville), Brainpool fait le jeu du conservatisme anglais, surveille le rétroviseur de l’histoire et conjugue comme un juke-box des années 67-70 les ballades dans les champs de fraises des Beatles (High), les guitares taillées à la serpe des Kinks et la sauvagerie des Who dans un Papercut échappé du Wake up Boo! des Boo Radleys. Dans le jargon musical, on parlera de Brainpool en termes de respect des aînés et d’efficacité, un mot aussi pue-du-bec que celui de réalisme dans le vocabulaire footballistique. Un jour, il n’y aura plus que des équipes réalistes et des groupes efficaces. Alors, il faudra chercher dans d’autres disciplines des remèdes à l’ennui.
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