L’artiste non-binaire livre un nouvel album abouti, radical par son propos, mais tout à fait jouissif.
Depuis que Mykki Blanco s’est libéré·e de sa volonté d’absorber les codes rap et de les détourner, iel est devenu·e un·e musicien·ne fascinant·e. En s’affirmant au fil des ans, en prenant soin de se désintéresser des carcans, de ne plus songer à les faire sauter à tout prix, iel livre une musique plus audacieuse, apaisée à l’écoute, certes, mais en fait plus radicale. La rupture a sûrement eu lieu en 2021 avec la sortie du EP Broken Hearts & Beauty Sleep, première pierre posée de ce nouvel album, Stay Close to Music.
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La voix de Mykki Blanco est grave mais limpide, affirmée, comme sur l’excellent morceau Trust a Little Bit ou sur l’introduction Pink Diamond Bezel. Elle s’offre des instants de repos, presque méditatifs, qui permettent en fait de digérer le propos précédemment scandé. Celui-ci n’est pas toujours vindicatif ou profond, comme l’étiquette spoken word accolée à sa musique voudrait le faire croire : Mykki Blanco se fait nasty, cite Lady Gaga, revêt des apparats pop eighties ou trap, voit l’engagement comme un amusement.
Tout vient à point à qui sait créer
Cet équilibre entre gravité et légèreté semble désormais naturel, traduisant les envies multiples mais cohérentes de l’artiste californien·ne, qui n’a aucun mal à enchaîner les morceaux sans pause, à entrecouper les chansons de tentatives instrumentales bienvenues. Tout vient à point à qui sait attendre, et à qui sait créer.
Stay Close to Music (Transgressive/PIAS). Sortie le 14 octobre.
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