Entre joliesses pop et electro fêtarde, les Français de Fortune font du bien à la tête et au bassin sur un premier album bourré de tubes.
Souvent, c’est la trajectoire inverse qu’on voit se dessiner, sans que ses auteurs ne l’aient d’ailleurs consciemment envisagée : lassés par les pop-songs et formats courts de leurs débuts, les musiciens alambiquent progressivement leur songwriting et accouchent, au bout de quelques années, de morceaux plus sinueux, moins accessibles.
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Lionel Pierres, lui, compose des chansons pop en anglais, et privilégie les refrains immédiats aux digressions sonores, les formats classiques aux aventures instrumentales. “Avec Abstrackt Keal Agram, j’ai mis ma voix en jachère pendant six ans. Avant ça, j’écoutais pourtant Sonic Youth, je jouais dans des groupes noise, je braillais dans le micro. Alors j’ai eu envie de me remettre à chanter. Sur scène, je ne joue presque plus de guitare et le chant est aujourd’hui mon instrument préféré.”
Repéré il y a plus de deux ans avec un premier maxi, Fortune a su éviter les pièges de l’empressement, et prendre le temps de mûrir son premier album. Conséquence : Staring at the Ice Melt affiche une étonnante maturité, qu’il doit aussi sûrement à l’ensemble des collaborateurs venus mettre la main à la pâte (Arnaud Roulin de Poni Hoax, Jean Thevenin de Hopper ou Tahiti Boy & The Palmtree Family, ou encore Melody Prochet de My Bee’s Garden).
“L’idée, avec Fortune, c’était de se mettre moins de barrières. Au départ, on avait même un morceau intitulé L’Amour entre hommes : on n’avait pas peur de tenter des choses, tout devenait possible, on pouvait chanter comme Bowie si on en avait envie.” Fan de Kraftwerk, de Kelis ou des Beastie Boys, Lionel a notamment frictionné son songwriting à la culture house de son complice Pierre Lucas. “Lorsque j’avais 17 ans, dans ma région, près de Quimper, il y avait des clubs de house, de techno et de hiphop. Je me suis intéressé à ça, je me suis acheté des platines, j’ai découvert la technique du scratch. Et puis j’ai habité à Bristol en 1998.”
A la fois fruit et miroir de ces multiples héritages, Staring at the Ice Melt est un disque de pop, mais de pop pour danser, voire pour danser sa mère : de Under the Sun à Bully (popularisé en Angleterre grâce à une publicité), Fortune enchaîne les refrains tubesques et propose une electropop à la fois fêtarde et strassée, dans laquelle résonne inévitablement l’écho de Phoenix ou de M83. “Bien sûr, aujourd’hui, c’est cliché de citer Phoenix, mais c’est vrai qu’on admire la cohérence de leur parcours, leur façon de prendre le temps et de refuser des compromis.” On souhaite la même roue de la Fortune aux Français.
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