Originaire du Bénin et composé de sept (pré)adolescentes, le groupe Star Feminine Band sort huit chansons joyeuses et frondeuses axées sur l’émancipation de la femme. Une vraie révélation.
Petit pays d’Afrique de l’Ouest, situé entre le Togo et le Nigeria, le Bénin reste peu connu sur le plan musical, Angélique Kidjo en étant sa principale ambassadrice depuis les années 1980. Gageons que la donne devrait rapidement changer avec l’apparition fulgurante de Star Feminine Band, dont le jubilatoire premier album vient juste de paraître.
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100 % féminine, comme son nom le suggère, cette nouvelle formation se compose de sept jeunes filles – âgées actuellement de 10 à 17 ans – qui chantent et/ou jouent de divers instruments : Anne (guitare), Julienne (basse), Grace (chant, clavier), Urrice (percussions, batterie, chant), Angélique (batterie, chant) Sandrine (claviers) et Marguerite (batterie).
Une initiative militant pour la scolarisation et contre les mariages forcés
L’initiative en revient au musicien André Baleguemon, qui vit à Natitingou, au nord-est du Bénin – très loin des deux principales villes du pays, Porto-Novo (la capitale) et Cotonou. Désireux de créer un groupe entièrement féminin, Baleguemon lance un appel en 2016 via une radio locale pour recruter et former de jeunes aspirantes musiciennes.
Au final, il en retient sept, parmi lesquelles ses deux filles Angélique et Grace. D’emblée, il exige des autres parents qu’ils s’engagent à laisser leurs filles aller à l’école et à ne pas les marier précocement. Le projet de groupe se révèle ainsi tout autant un projet de vie, s’attachant à faire évoluer les mœurs dans un pays où le mariage forcé (pourtant officiellement interdit), l’excision, les viols et autres brutalités à l’égard des femmes sont encore monnaie courante…
Vivant désormais ensemble, au sein du foyer Baleguemon, les filles partagent leur temps principalement entre les cours à l’école et les répétitions musicales. Leur apprentissage est rapide et, fin 2018, elles réalisent de premiers enregistrements, qui vont arriver jusqu’aux oreilles (toujours à l’affût) de Jean-Baptiste Guillot, boss de Born Bad Records.
Fortement intrigué, celui-ci décide d’aller voir et entendre de plus près ce groupe improbable niché au cœur de l’Afrique. “Quand je suis arrivé sur place en décembre 2019, après un très long périple, j’ai eu droit à un petit concert des filles comme cadeau-surprise de bienvenue et je me suis pris une claque, explique Jean-Baptiste Guillot. Tout de suite, j’ai su que j’avais bien fait de venir et que j’allais porter le projet.”
Un deuxième album déjà en vue
Prévu pour se déployer sur un temps long, le compagnonnage entre le label Born Bad et le Star Feminine Band se concrétise cet automne 2020 sous forme d’un premier lp qui contient huit chansons très percussives évoquant toutes les droits des femmes et débordant d’une énergie aussi joyeuse que frondeuse, terriblement contagieuse. Femme africaine, l’une des deux chansons en français (les autres étant interprétées dans diverses langues locales), apparaît comme un véritable hymne, assorti d’un clip tout aussi imparable.
Déjà très populaire au Bénin, où il a donné de nombreux concerts, le groupe aurait dû participer aux Trans Musicales de Rennes en décembre mais la pandémie de Covid-19 en a hélas décidé autrement. Ayant une dizaine de chansons en gestation, Star Feminine Band doit venir en France pour enregistrer son second album en 2021, dès que la situation sanitaire le permettra. On a déjà hâte d’entendre le résultat.
Star Feminine Band (Born Bad Records/L’Autre Distribution)
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