Le projet avait tout d’ambitieux : étudier de manière scientifique les effets de la musique à travers différentes rythmiques, paroles et pulsations sur l’efficacité d’un entraînement sportif. Les conclusions de Spotify feront glousser ceux qui s’attendaient à du sérieux.
Le projet de la plateforme de musique en streaming avait de quoi impressionner : un grand chercheur, spécialiste du son et du sport, allait écumer, avec son équipe, plus de 11 millions de playlists afin de révéler les chansons les plus efficaces pour booster la motivation des sportifs. Du fitness au renforcement musculaire en passant par toutes les techniques en vogue dans l’optimisation de sa carcasse (Tabata, Danse Cardio, Insanity, CrossFit…), les résultats allaient être adaptés à chacun, à chaque méthode, avec des titres méconnus qui allaient nous faire oublier qu’il n’y a pas que Eye Of The Tiger pour courir comme un ouf en balançant des mandales dans le vide.
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La seule surprise des playlists « scientifiques » de Spotify : l’absence de ce titre
Et pourtant. C’était mal connaître les gourous de cette étude scientifico-pastiche : le grand docteur Costas Karageorghis, réputé dans le monde entier (paraît-il) pour ses travaux sur la musique comme levier de réduction de la sensation d’effort, semble n’être ni plus ni moins qu’un fan compulsif d’Ed Sheeran. Il s’est associé à Shaun T, ex-danseur (et ex-mari) de Mariah Carey, roi des vidéos sportives sur Internet et créateur de la méthode Insanity (des entraînements courts et intenses pour les gens qui travaillent et qui veulent suer entre le sandwich et le dessert à la pause-déj). La scientificité de l’étude et de ce monsieur Costas Karageorghis est définitivement anéantie lorsque ce dernier déclare, plein de lumière, au sujet de l’une de ses playlists :
Elle a un tempo moyen impressionnant de 118 BPM. Elle se caractérise par des paroles exprimant des affirmations puissantes, telles que « je ne baisse jamais les bras » ou « je n’ai jamais été aussi fort ».
Autrement dit, des maximes de motivation originales, pleines de bon sens et de bonne science, pas très éloignées d’un mauvais R’n’B style Kenza Farah. Avec une sélection de chansons selon leur BPM (battements par minute, à corréler avec le rythme cardiaque) l’étude ne fait que lister des titres ultra connus et les classer selon le nombre de pulsations entendues par minute. Rien de plus fouillé que ça.
Donc, on résume : 11 millions de playlists écumées, un cahier des charges rigoureux (paroles, rythmiques…) pour un résultat composé de six playlists de dix titres, dont trois morceaux d’Ed Sheeran, du Pitbull, du Pharrell Williams, du Nicki Minaj… Quelques trucs qu’on aime bien (Royal Blood, Iggy Azalea), mais rien à découvrir. Aucune surprise. On aurait pu faire cette playlist en dix minutes, tranquille chez soi, sans invoquer la science. On peut légitimement se demander ce qui a poussé les « scientifiques » à arriver, par enchantement, à la conclusion que les titres les plus commerciaux et tendances étaient également ceux qui avaient le plus fort potentiel d’exacerbation des capacités sportives. Un hasard heureux, surtout pour Spotify.
Playlist pour le sport 2015
Playlist CrossFit
Playlist de renforcement musculaire
Playlist Danse Cardio
Playlist Tabata
Playlist INSANITY
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