Spokes, le nouvel album de Plaid composé en tournée l’an passé puis affiné dans leur studio surnommé “The Bubble”, est le résultat de la loi de Moore, d’un hoquet technologique : la puissance accrue des G4 d’Apple. Sans révolutionner la formule, mais plus savant encore que son génial précédent Double Figure, Spokes est donc une […]
Spokes, le nouvel album de Plaid composé en tournée l’an passé puis affiné dans leur studio surnommé « The Bubble », est le résultat de la loi de Moore, d’un hoquet technologique : la puissance accrue des G4 d’Apple. Sans révolutionner la formule, mais plus savant encore que son génial précédent Double Figure, Spokes est donc une version 4.0, assistée par ordinateur plus puissant, de leur imagination sensass. Pointue et multicouche, abstraite, ésotérique ou simple, parfois tout à la fois, l’électronique de Plaid impose au cortex un peu de sudation synaptique et d’échauffement neuronal. Le duo est sensé, de manière étrange, faire de l’intelligent dance-music’ On ne voit pas : pas nerd pour un sou, ce scientisme créatif débouche sur un miracle. Comme Boards Of Canada, en plus rigolo, cette humanité frottée aux circuits imprimés produit des effets insolites, une logique propre. Les mélodies de Plaid, et surtout de Spokes, frisent l’aléatoire : comme jouées par des humanoïdes asimoviens, elles puisent dans les arcanes mathématiques, plongent dans l’interstice entre les irréductibles 1 et 0, y greffent des 2 branlants et passent du digital au trigital.
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Le frisson rassurant de l’imperfection humaine apparaît dès le premier morceau, sublime Even Spring sur lequel Luca Santucci, gorge mâle et sensuelle repérée chez Leila, susurre ses complaintes lunaires, prisonnier d’une délicate affliction. Cette voix tue, l’album en entier se baigne dans le silicium et emboîte ses milliers de petites briques colorées (Zeal ou les pianos en chute libre de l’extraordinaire et vicieux Marry), superpose mélodies lentes et rythmes hachurés (Crumax Rins, qui change six fois de processeur en route), matelasse blips et beats hypnotiques (Buns). Spokes entraîne ainsi corps et âme ? mais plus âme que corps ? dans sa collision d’images numérisées, dans l’abandon d’un semi-coma volontaire et rêveur. En cas de voyage malheureux, activez le siège éjectable. Mais réessayez plus tard.
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