La Californienne Sasha Spielberg, alias Buzzy Lee, s’est entourée de son ami Nicolas Jaar pour façonner un splendide premier album de pop cristalline.
On aurait tort de voir en Buzzy Lee une actrice reconvertie en chanteuse, ou une “fille de” qui sortirait un album par caprice. Il se trouve que son vrai nom est Sasha Spielberg, que son père est un réalisateur américain de renom et qu’elle a une carrière au cinéma, mais sa passion pour la musique n’a rien d’une feinte façon Actor’s Studio.
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“Elle m’apporte beaucoup plus d’épanouissement que de réciter des répliques écrites par quelqu’un d’autre, confie la jeune trentenaire par Zoom interposé. Mes chansons, c’est tout simplement moi, ma réalité, mes observations, mes chagrins, mes coups de cœur… J’apprécie de me glisser dans un personnage au cinéma, mais la musique me comble entièrement.”
Biberonnée aux bandes originales de films (forcément), aux Beatles et aux rockeuses américaines des nineties, Sasha se met au piano à 7 ans, puis bifurque vers le rock et apprend à jouer de la guitare. “J’ai écrit mes premiers morceaux à l’âge de 8 ans”, explique-t-elle.
“Ensuite, j’ai eu une véritable obsession pour Led Zeppelin, ce qui est quand même assez marrant pour une petite fille de 12 ans !” Précoce, la Californienne monte un duo indie-folk, avec son frère Theo, d’abord en tant que Brother/Sister le temps d’un EP en 2013, puis sous le pseudonyme de Wardell pour un album en 2015.
Songwriting d’une élégance rare
A 18 ans, alors qu’elle vient d’arriver à Brown, université ultra-select de la Côte Est, elle se lie d’amitié avec un autre étudiant qu’elle surnomme Nico – il s’agit de Nicolas Jaar, futur grand nom de l’electro. “On a immédiatement composé ensemble. Notre première chanson s’inspirait de Portishead, un groupe qu’on adore tous les deux. On a continué au fil des semestres et créé le groupe Just Friends. J’ai accompagné Nico lors de sa performance au MoMA [cinq heures d’improvisation live en 2012] et depuis il ne s’est pas passé une année sans que l’on écrive au moins un morceau ensemble.”
Nouveau chapitre de cette collaboration : Spoiled Love, le premier album signé Buzzy Lee, produit par Nicolas Jaar en petites touches aériennes (un soupçon d’electro et de r’n’b) pour mettre en avant ce songwriting d’une élégance rare, à la fois sobre et fantasque, fragile et renversant. “Sasha et moi sommes des amis très proches depuis treize ans, raconte le producteur américano-chilien. Quand on fait de la musique, c’est souvent une excuse pour passer du temps ensemble, rigoler et faire les fous.”
“J’ai toujours adoré sa voix et sa sensibilité, mais c’est allé encore plus loin il y a trois ans quand elle a commencé à écrire des morceaux qui m’ont profondément touché. La plupart des compositions de cet album m’ont procuré une sensation de déjà-vu quand j’ai découvert leurs demos.”
Réconfortante et enchanteresse, la chanson éponyme ouvre le bal sur quelques accords de piano feutré, une simple mélodie susurrée du bout des lèvres – Buzzy Lee nous ensorcelle dès les premiers instants. Ses morceaux graciles la propulsent dans la lignée de Kate Bush, Lykke Li, Agnes Obel et autres fées bienfaisantes de la pop. Comme elles, cette virtuose touche par sa sincérité et cet art de sublimer la mélancolie.
Spoiled Love (Future Classic)
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