Songwriting éblouissant,
arrangements d’orfèvre :
le nouvel album de Syd Matters,
projet du Français Jonathan
Morali, ne veut que du bien
à l’humanité.
Quand la plupart des formations se vautrent dans des tentatives de réponses, Syd Matters évite depuis toujours les discours péremptoires et les leçons. Syd Matters, ce pourrait être la concrétisation pop de la jolie chanson Les gens qui doutent d’Anne Sylvestre : le propos est d’autant plus émouvant qu’il est tremblant, toujours en équilibre. Annoncé il y a quelques semaines par l’époustouflant single Hi Life, l’album Brotherocean offre un nouveau chapitre lumineux à cette histoire humaine. Bien qu’ils soient tous prodigieux, aucun des dix morceaux qu’il rassemble ne relève de l’exercice de style.
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De I Might Float, bande-son idéale des étés patraques, à Hadrian’s Wall, Syd Matters joue une musique à la fois humble et poignante : ses disques ressemblent à des disques de chevet. C’est d’ailleurs à la littérature que Morali dit devoir la composition de ce nouvel album. “Je ne sais pas m’inspirer de la musique, je ne vois aucun rapport entre ce que j’écoute et ce que je suis capable d’écrire. En revanche, j’ai énormément lu pour écrire ce disque. Il y a eu la trilogie Frère Océan de Romain Gary qui a donné son titre à l’album. Et il y a ce livre que m’avait conseillé Dominique A et qui s’appelle La Mer. Il a été écrit par l’Irlandais John Banville et c’est un bouquin extraordinaire.”
La mer, Jonathan Morali s’y est récemment baigné, pour la première fois depuis quinze ans. “Pendant des années, je n’ai pas été capable de me baigner. Je n’étais pas à l’aise avec mon corps. L’enregistrement du précédent Ghost Days a été terrible, j’étais très déprimé. Je m’aperçois aujourd’hui que je ne me souviens pas de ce qui s’est passé pendant trois ans. Une fois l’album paru, je me suis senti libéré et j’ai commencé à refaire des choses. Me baigner dans la mer. Faire des rêves la nuit. Je n’y arrivais plus avant.”
A la fin de l’entretien, Jonathan Morali nous explique avoir récemment rencontré Nigel Godrich, dans le public d’un concert parisien de Here We Go Magic. Le Français nous raconte comme il a finalement pris son courage à deux mains, après deux heures d’hésitation, pour aborder le producteur et lui donner un album de Syd Matters. Avant de manquer de s’évanouir (“pour de vrai”) en constatant que le réalisateur connaissait déjà son groupe. Dans la mesure où Syd Matters compose aujourd’hui les meilleurs albums de Radiohead, une collaboration entre les Français et l’Anglais serait aussi belle que la possibilité de se baigner en mer Egée après quinze ans au sec.
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