Soundwriters plus que songwriters, designers plus qu’artisans : ainsi Bernd Jestram et Ronald Lippok envisagent-ils l’electro-pop depuis plus de dix ans. Ils ont ainsi inventé une pop boudeuse, anxieuse, qui a fait largement école en Allemagne, et dont les murmures et sanglots longs s’impriment en lettres écarlates dans la mémoire vive. Ici, ce sont Easy […]
Soundwriters plus que songwriters, designers plus qu’artisans : ainsi Bernd Jestram et Ronald Lippok envisagent-ils l’electro-pop depuis plus de dix ans. Ils ont ainsi inventé une pop boudeuse, anxieuse, qui a fait largement école en Allemagne, et dont les murmures et sanglots longs s’impriment en lettres écarlates dans la mémoire vive. Ici, ce sont Easy Sermon ou World of Things to Touch qui s’y invitent en toute assurance, avec leurs mélodies de peu de choses, ce nonchalant accent allemand, ces refrains aux yeux tristes. Un genre d’electro-pop patraque, déniaisée, aussi robotique dans ses rythmiques que fragile et chancelante dans son chant, perturbée de mille bruissements, parasites et trous noirs.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Une rumeur, pauvre idiote, voudrait que ces Berlinois jouent une musique expérimentale et absconse, désincarnée : sous sa banquise, elle grouille pourtant de vie et d’humanité, évoquant un Depeche Mode qui n’aurait jamais connu les stades et les tubes, adulte avant d’avoir été hystériquement adolescent. C’est dans ces moments les plus sombres, gothiques (ils reprennent avantageusement les Virgin Prunes en fin d’album), au fond du trou, que Tarwater est à son sommet, jouant avec les nerfs et les sens comme peu de musiciens l’ont osé depuis les brêches ouvertes par David Byrne et Brian Eno. Dans Tarwater, il y a water : elle est trouble, empoisonnée, de celle dont on fabriques les vagues à l’âme.
{"type":"Banniere-Basse"}