Top model ou chanteuse ? Certaines veinardes préfèrent ne pas choisir, profitant de leurs proportions pour mettre en avant une musique sans dimension. Au milieu des naufrages, quelques belles gueules surnagent.
Alors que Beth Ditto ou Lana Del Rey filent en sens inverse sur l’autoroute de la reconversion, certaines (ou certains, bisou Baptiste G) mannequins s’escriment toujours à déplacer leur image des pages modes vers la rubrique musique. Mais du podium à la scène, rares sont celles à avoir franchi sans encombre la passerelle escarpée de la crédibilité musicale.
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Une tradition vintage
Hier Zazie et Carla Bruni. Aujourd’hui Inna Modja ou Imany. A chaque époque sa paire de mannequins reconverties en modèle fm de la variétoche. Mais si l’on remonte l’horloge de la mode de quelques décennies, la liste des « mannequins-chanteuses » capables de tenir la note ne semble pas bien longue.
Dans les 1960s, Nico délaisse sa carrière de modèle pour venir fricoter avec Brian Jones et Jimmy Paige le temps d’une reprise naïve. Sur les conseils d’Andy Warhol, elle prêtera ensuite son souffle sensuel au premier album mythique du Velvet Underground, avant de publier six efforts solitaires de 1967 à 1985. Entre new-wave alanguie et mysticisme de fond de cave. Camera Obscura, dernier album précurseur paru trois avant sa mort, confirme la singularité de Nico et range l’artiste parmi les principales influences de la scène lo-fi actuelle.
Autre chanteuse à avoir profité de ses avantages plastiques pour renouveler les tendances musicales, Grace Jones débarque sur les platines en 1977 avec Portfolio. L’album agite reggae, pop et disco, anticipant l’ouverture des genres et des esprits propre à la musique des eigthies. Andy Warhol (encore lui) puis Jean-Paul Goude flairent le bon coup et propulsent la diva jamaïcaine en icône androgyne de la décennie. En écho au phénomène des working girl, Grace Jones prend le pouvoir et impose aux années 80 une bande originale charnelle et transgenre.
Toutes les mannequins n’ont pas transformé l’essai discographique avec un tel brio. Qui se souvient aujourd’hui du Magic Smile de Rosie Vela et du zapping d’images de son clip vintage ? L’aventure de la vidéo musicale, fatale pour certaines, a néanmoins suscité bon nombre de vocations. Chez les top comme chez les anonymes.
Le clip ou le compagnon comme effet pygmalion
A force d’exhiber leurs silhouettes dans les clips, beaucoup de superstars des années 90 ont succombé à la tentation du micro. Ainsi, après ses multiples apparitions dans les clips de Bob Marley (à l’âge de 7 ans mais on le compte quand même), Madonna ou George Michael, Naomi Campbell présente sa tessiture en duo avec le rappeur Vanilla Ice. On est en 1991, et même si un premier album solo arrive quatre ans plus tard, on préfère se souvenir de son tango érotique avec Michael Jackson dans le clip de In The Closet.
On passera donc sur la carrière de chanteuse de Naomi Campbell. Comme on survolera celles de Kate Moss, Karen Elson (dont on est sans nouvelle depuis l’album spectral produit par son mari) ou Agyness Deyn. Les deux premières ont tenté, sans succès, de profiter du phénomène d’aspiration créé par les carrières de leurs compagnons. Respectivement Peter Doherty (puis Jamie Hince des Kills) et Jack White. Agyness Deyn a bien tenté de gazouiller de ses propres ailes après un duo sans altitude avec les Five O’Clock Heroes. Sans plus de succès.
On ne connait pas (encore ?) l’identité de son compagnon mais on l’a aperçue dans le clip de Pop The Glock de Uffie alors qu’elle n’avait que 16 ans. Sky Ferreira pourrait bien incarner un avenir plus radieux pour les échappées, belles, des défilés. Son premier ep avait attiré une sympathie plus courtoise qu’enthousiaste en 2011. Depuis, plusieurs nouveaux titres ont filtré, dont Everything Is Embarassing, produit par Dev Hynes de Blood Orange. On attend son premier album pour la fin d’année.
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