Après dix ans de silence, Spain revient sans un bruit. Magnifique et prévisible.
En 1995, Spain fit une entrée massive, et pourtant à pas feutrés, sur la carte mondiale des musiques suaves, sophistiquées, mélancoliques. A la tête de ce royaume pluvieux régnait le timide Josh Haden, fils d’une légende du jazz et de mille démons. Spain possédait même un hymne national : Spiritual, que reprendront aussi bien Johnny Cash que les Red Hot Chili Peppers.
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Invisible depuis une dizaine d’années, Spain est de retour et au pays du spleen toxique rien n’a changé : une chanson envoyée en éclaireuse en 2010, I’m Still Free, avait déjà fait craindre – ou espérer – cette immobilité des possibles. Effectivement figé sur un son, magnifique, et une manière de jouer, lente et hypnotique, ce nouvel album aurait aisément pu sortir dans la foulée du génial The Blue Moods of Spain (1995).
Il en aurait été la face B d’une grande dignité, partageant son élégance et ses manières surannées, mais avec juste un peu moins de chansons, de ferveur, de douce dinguerie, de vertiges et de trous noirs. Déguster des trésors comme I Love You ou Because Your Love et continuer à faire la fine bouche en dit long sur l’altitude à laquelle on a placé la barre pour Spain. Mais ce groupe, dès sa naissance, s’était condamné à l’excellence. Ou comment un album peut être à la fois somptueux et décevant.
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