Les vétérans de SWELL, parrains de la lo-fi, reviennent en catimini :l’orage est passé.
A la fin du siècle dernier, Swell était un groupe en vue, remplissant en France des salles importantes, s’affichant en longueur dans les magazines, incarnant une idée fantasmée, pour les esthètes européens, d’un rock américain lettré et ombrageux.
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David Freel, leur leader dandy et minutieux, replaçait alors San Francisco sur la carte du psychédélisme, même si le sien, sombre, mathématique et patraque, n’avait retenu du flower-power que champs de pavots dévastés et de tournesols passés au napalm. « Rien ne vaut un groupe à qui l’on met des claques”, nous disait-il avec prescience en 1997.
Car le sort s’acharna sur Swell : avec ses chansons à la belle austérité, un goût pour le sexy proche du réfrigérateur albanais, sa modestie rageante et son sens catastrophique des affaires, le groupe devint au fil des ans et des albums une apologie du gâchis, un catalogue de regrets, alors que triomphait par ailleurs sa famille d’origine – de Beck à Mercury Rev en passant par Elliott Smith.
Des années plus tard, les claques ont un peulaissé David Freel à terre, mais vivant, droit, toujours aussi diaboliquement capable d’imposer aux belles journées ses humeurs maussades et laconiques. Il fait pourtant nettement plus clair chez lui aujourd’hui, dans ces chansons surtout acoustiques, apaisées et aux ambitions mesurées (par le manque de moyens ou la peur du vide ?).
Les angoisses existentielles d’hier laissent ici leur place à des anxiétés nettement plus goguenardes (Waiting for a Beer), les angles droits de ce rock raide ont cédé le terrain à une hospitalité et une bonhomie inédites mais pourtant, même sous ces airs dulcifiés et cette musique simplifiée, on reconnaît immédiatement Swell, son songwriting complexe, ses ambiances toxiques et son chant obsédant.
“La simplicité peut être une vraie salope, prévient David Freel en amont de ce nouvel album. Je n’ai pas toujours réussi à l’inviter.” Ils forment pourtant un couple idéal : tumultueux, paranoïaque et violent sous ses airs placides.
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