Il semble qu’aujourd’hui plus personne ne se souvienne de Tuxedomoon. Les meilleurs dictionnaires (Assayas) passent carrément sous silence cette formation qui fut pourtant l’une des plus en vue durant la première moitié des années 80, conjuguant le maniérisme new wave avec ce qui s’appelait encore sans sourciller la “nouvelle musique” ? à savoir une musique […]
Il semble qu’aujourd’hui plus personne ne se souvienne de Tuxedomoon. Les meilleurs dictionnaires (Assayas) passent carrément sous silence cette formation qui fut pourtant l’une des plus en vue durant la première moitié des années 80, conjuguant le maniérisme new wave avec ce qui s’appelait encore sans sourciller la « nouvelle musique » ? à savoir une musique contemporaine dénoyautée de ses dogmatismes pour une approche plus sensorielle de l’espace et des instruments. Si les albums pop de ces Californiens exilés en Belgique passent encore la rampe, leurs musiques instrumentales écrites pour d’autres objets (films, ballets, performances) sont encore plus remarquables.
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En témoigne ce disque magnifiquement emballé qui rassemble diverses pièces composées entre 80 et 86 au gré des fluctuations permanentes au sein du groupe. Deux partitions, destinées à accompagner des films du réalisateur hollandais Bob Visser, l’oppressant Plan Delta (86) et le martial The Field of Honour (83), indiquent la volonté de Tuxedomoon d’embrasser à la fois l’héritage des minimalistes américains (Adams et Glass planent sur ces plages) et l’air du temps de l’époque constitué de brumes cold wave et de particules électroniques cinglantes.
Urban Leisure (80) est la bande-son en quatre volets d’un projet multimédia conçu essentiellement par Steven Brown, Blaine Reininger et un membre des excellents Indoor Life de San Francisco, Bob Hoffner. Genre de easy-listening pervers et constitué de légères bribes rythmiques et instrumentales, bruits d’avions au décollage et mélodies de saxo aphone, il manque les images tournées à l’époque pour mieux en saisir les nuances. Enfin, The Ghost Sonata, présenté lorsqu’il fut donné pour la première fois en 82 comme un « opéra sans parole », dévoile la musique de chambre élégante et raffinée d’une formation qui aura décidément œuvré sur tous les fronts.
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