Le mastodonte du streaming musical annonce aujourd’hui son passage du gratuit au payant, se calquant ainsi sur le modèle de Spotify.
Au début du mois de juillet Soundcloud modifiait ses conditions d’utilisation sous la pression d’Universal Music et autorisait la major à retirer directement les contenus qui violent ses copyright, sans passer par la plateforme de streaming ni même avertir l’utilisateur en infraction. Aujourd’hui, la plus grosse plateforme de streaming encore gratuite continue sa transformation et annonce son passage à un modèle payant. Des pubs seront dorénavant intégrées aux lecteurs, un abonnement payant sera proposé et des contrats ont été passés avec les labels pour faciliter la collecte des royalties et des droits d’auteurs. La plateforme qui compte aujourd’hui 175 millions d’utilisateurs mensuels – soit quatre fois plus que l’audience globale de Spotify selon le New-Yort Times – entame une nouvelle étape dans la monétisation de ses contenus.
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Une réponse face aux pressions de l’industrie musicale
Il fallait s’y attendre et la rumeur courait depuis quelques mois déjà. Si Soundcloud est un formidable outil de partage et de découvertes, la plateforme pourrait aussi être une fabuleuse source de revenus pour elle-même comme pour les majors. Selon le New-York Times, c’est donc en partie « en réaction aux pressions de l’industrie » que Soundcloud a transformé son modèle économique. La société fondée à Berlin par les deux Suédois Alex Ljung et Eric Wahforss a donc passé un accord avec Sony/ATV et BMG, mais est toujours en négociation avec Sony, Warner et Universal. C’est la question des droits d’auteurs, notamment en matière de mixes, qui complique la discussion. On l’a vu avec le premier accord passé au mois de juillet avec Universal, le triumvirat de l’industrie musicale compte bien ne plus laisser s’échapper des revenus de la plateforme. Cette dernière a pourtant bâti en partie sa notoriété sur la communauté d’artistes et de consommateurs de musiques électroniques : la question du copyright est donc centrale. Les pourparlers tournent autour de l’établissement d’un contrat équitable, à la condition supplémentaire que les labels s’engagent à ne pas poursuivre Soundcloud pour ses précédents manquements aux droits d’auteurs. Selon le New-York Times, « Soundcloud et les labels n’ont pas souhaité commenter leurs négociations ».
Devenir enfin rentable
Si ces accords sont conclus, le modèle de Soundcloud deviendra très similaire à celui développé par Spotify. Ces transformations ne sont pourtant pas uniquement imputables aux pressions de l’industrie musicale. Elles ont été également impulsées par la société qui compte sur une augmentation de son chiffre d’affaires. Soundcloud existe en effet depuis 6 ans tout juste mais, en 2012 encore, elle déclarait 12 millions de recettes pour 20 millions de pertes. Elle cherche donc tout naturellement à rendre plus rentables les 350 millions de personnes qui croisent chaque mois un de ses players et les 175 millions d’entre elles qui cliquent au moins une fois dessus. Cette évolution semble naturelle dans une période où le streaming est en passe de devenir le moyen privilégié de consommer la musique et où ce dernier voit son chiffre d’affaires augmenter de 40% au premier trimestre 2014 par rapport à l’année précédente, même si ses fondateurs défendaient encore le modèle du freemium en 2012. Ils ne se sont pour l’instant pas exprimés sur leur changement de politique.
Quid de ses spécificités ?
Soundcloud passe aujourd’hui dans la cour des grands. Vue la valeur financière des autres plateformes de streaming – qui bien que rarement rentables dégagent pourtant des plus-valus boursières impressionnantes – il y a fort à parier que celle de Soundcloud vaudra son pesant d’or. La seule question qui subsiste est celle la réception de ce nouveau modèle par les utilisateurs. Dans l’imaginaire collectif comme dans la réalité pratique, Soundcloud est un instrument de partage à coup réduit (les comptes payants servent surtout à augmenter l’espace d’hébergement d’un compte) et permet parfois d’atteindre un taux de viralité élevé. L’outil est également indispensable à toute la communauté des Djs et est devenu incontournable dans les stratégies promotionnelles des labels. Pourra-t-on en dire autant une fois ces transformations achevées ? Soundcloud opère un virage économique nécessaire qui risque cependant de lui faire perdre les spécificités qui le rendent si attractive.
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