Mayer Hawthorne, Robin McKelle : deux façons de s’inviter dans
les grandes traditions soul,
avec respect des canons ou malice.
Pour avoir décollé dans l’entourage des Herbie Hancock et Wayne Shorter, la voix expressive de Robin McKelle a vite inspiré des comparaisons flatteuses. On la jaugea à l’aune d’une Ella Fitzgerald, d’une Sarah Vaughan et c’était déjà beaucoup à assumer pour cette petite New-Yorkaise blanche sans pedigree. Avec Soul Flower, la voilà qui se glisse dans un autre sillon, celui tracé par Aretha Franklin, avec la même réussite.
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Si ce quatrième album semble réciter par coeur toute la syntaxe de la soul de l’écurie Atlantic – celle des années Tom Dowd où chaleur rimait avec efficacité –, elle évite aussi tous les pièges du remake tiroir-caisse à la Seal ou l’exercice de style scolaire façon Ben l’Oncle Soul.
Compositions inédites, dans l’esprit, mais jamais soumises à la lettre, reprises de standards qu’elle personnalise (dont un Walk on by au pas de charge), Robin se révèle excellente cuisinière, faisant usage d’anciennes recettes de fabrication pour mieux y injecter une certaine dose d’intelligence et de passion contemporaine.
Mayer Hawthorne serait plutôt, quant à lui, une sorte de fashion vampire. Originaire de Detroit, il a débuté comme rappeur sous le pseudo d’Haircut avant de se replonger dans ce qui a forgé l’identité musicale de sa ville, le son Tamla Motown. Sur How Do You Do?, il cherche souvent à recréer l’esthétique du prestigieux label de Marvin Gaye et des Supremes, sans oublier l’essentiel : en retirer du plaisir.
Ce second album ressemble à ces ateliers de couture où de jeunes stylistes inventent des modèles en s’inspirant des collections du passé. Avec parfois des patchworks amusants quand il coud du Smokey Robinson sur du Stevie Wonder (Finally Falling) ou épingle du Supremes avec du Spinners (Hooked). Gentil vampire, Hawthorne séduit par sa fraîcheur à défaut de convaincre par son originalité.
Au milieu des années 80, le critique américain Nelson George avait inventé une étiquette pour un courant musical auquel Robin McKelle et Mayer Hawthorne peuvent se rattacher. Il appelait ça le “retronuevo”. On connaît la valeur des étiquettes et leur tendance à valser. Mais c’est toujours mieux que “solde”.
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