La petite fable poétiquement sanglante (ou politiquement dérangeante) du chorégraphe belge Wim Vandekeybus.
Simon says : hit the chest , Simon says : cut the vessels’ et finalement Simon says : stop … et la salle de souffler à cette dernière injonction arbitraire aux allures de « Jaques a dit » morbide. Mais voilà, il est déjà trop tard, le sang coule sur scène et les premiers rangs sont déserts. Nous sommes au Théâtre de la Ville pour la troisième représentation de « Sonic Boom », la dernière création du chorégraphe belge Wim Vandekeybus qui présente ici une petite fable poétique orchestrée par les éructations agressives d’un DJ. Résultat : une création électrochoc, rythmée par trois temps forts : un danseur à l’allure christique se taillade le torse et se fait ensuite massacrer sur ordre du mystérieux Simon ; une jeune blonde, elle aussi soumise aux injonctions sadiques du même Simon, saute à pieds joints sur le ventre bedonnant de l’un des ses confrères avant de prendre part à une séance de crachats. Pas de quoi hurler a priori, sauf qu’entre ces trois scènes la moitié de la salle a fui criant au scandale ou prise de nausées. Alors de deux choses l’une : soit les abonnés du Théâtre de la Ville n’ont pas lu le programme, soit les mutilations sanguinolentes réactivées dans les années 70 par les actionnistes viennois, et plus généralement le Body Art, ne sont plus à la mode. Peu importe au fond, le résultat des courses est le même : après un évanouissement en règle, des départs en masse et moult plaintes, le Théâtre de la Ville a désormais décidé de censurer une partie de la pièce. Du coup, la scène du crachat a été tout bonnement supprimée et la séquence qui montre le danseur se tailladant le torse, est dissimulée derrière un grand drap blanc. Alors qu’en conclure ? Que « les vieux feraient mieux de se casser », comme l’a fort aimablement suggeré ce soir-là une jeune spectatrice du fond de la salle ? Que les institutions n’ont plus le courage d’assumer de telles propositions ? Ou que la violence ne peut plus désormais dépasser le stade de l’image, notamment télévisuelle ?
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