Il en va du nu-metal comme de tous les autres mouvements préfabriqués, pilotés et garde-chiourmés par l’industrie : derrière les rebelles dociles et complices se cachent parfois d’authentiques pervers, des agités pour qui la piscine financée par MTV n’est pas une fin en soi. Il faut dire que les grognards de Queens Of The Stone […]
Il en va du nu-metal comme de tous les autres mouvements préfabriqués, pilotés et garde-chiourmés par l’industrie : derrière les rebelles dociles et complices se cachent parfois d’authentiques pervers, des agités pour qui la piscine financée par MTV n’est pas une fin en soi. Il faut dire que les grognards de Queens Of The Stone Age sont des rescapés de la mort, du grunge, de tout ce qui a essayé de faire sortir le hard-rock de son cirque, de sa maison de retraite, ces dernières années. Quitte à le faire danser au bord du gouffre.
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Il plane dans ces chansons droguées de Californie une méchanceté sonique, une noirceur malsaine. Comme chez Trail Of Dead ou Zen Guerrilla, ce jusqu’au-boutisme provoque autant de frissons que de haut-le-cœur : l’équilibre rare entre fascination et répulsion. Pas de chiqué : on a ici passé l’âge des poses gommeuses, des rodomontades ados. De la musique d’homme qu’ils appellent le robot rock : un metal réduit à son squelette, sans le moindre boulon superflu. Un metal mécanique et minimal, au tranchant sadique, aux explosions soudaines. Un metal qui doit finalement moins à Judas Priest qu’à Can, dont le minimalisme cintré, la rigueur illuminée des rythmiques ne sont pas tombés dans l’oreille de sourds. Le nouvel album s’appelle Songs for the Deaf (Chansons pour les sourds) : mon œil.
La force du groupe, loin des fusions rap-rock à la Limp Bizkit, est sa façon de kidnapper la pop, de lui faire subir les pires sévices sans jamais lui faire perdre son sourire enjôleur. Les refrains invitent, l’air aguicheur, à une visite sans risque : on sait désormais que la pop a ici une mitraillette sur la tempe, prête à tirer si elle ne collabore pas à ce complot sournois.
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