En Allemagne - et au Goethe Institut pour la France -, on fête cette année le centenaire de la naissance de Bertolt Brecht et du compositeur Hanns Eisler, tous deux nés en 1898. Lorsqu’on évoque le Brecht parolier, on pense avant tout à son association avec Kurt Weill, qui donna Grandeur et décadence de la […]
En Allemagne - et au Goethe Institut pour la France -, on fête cette année le centenaire de la naissance de Bertolt Brecht et du compositeur Hanns Eisler, tous deux nés en 1898. Lorsqu’on évoque le Brecht parolier, on pense avant tout à son association avec Kurt Weill, qui donna Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny, l’Opéra de quat’ sous et les Sept péchés capitaux. Mais il ne faudrait surtout pas oublier Eisler, avec qui le dramaturge collabora à l’époque de la République de Weimar, le musicien et l’écrivain se retrouvant à l’avant-garde artistique et politique qui lutta contre la montée du nazisme. Avec Webern et Berg, Eisler est le troisième élève viennois d’Arnold Schoenberg, et l’un des rares artistes à s’interroger sur la fonction sociale de la musique.
Compositeur protéiforme, il compose de nombreuses mélodies, des « cantates ouvrières », ainsi que des chants révolutionnaires et des partitions pour la scène et le cinéma. Si sa musique de chambre, voire ses oeuvres symphoniques, témoigne à la fois de l’influence de son maître Schoenberg et d’un style qui puise aux sources populaires le Septuor n° 2 élaboré avec la complicité de Chaplin à l’occasion du film Le Cirque , en revanche, ses mélodies et ses ballades pour choeur (Massenlieder) sont calquées sur le rythme déclamatoire des textes protestataires. Ce style tranché, vif, à l’harmonie simplifiée à l’extrême, séduisit aussitôt de nombreux interprètes qui, comme avec les chansons de Weill, se délectèrent de ce rythme enjoué et expressif, entre cabaret et jazz.
Fuyant l’Allemagne en 1933, Eisler se tourne vers le cinéma et signe plus de vingt-cinq partitions pour, entre autres, Fritz Lang (Les Bourreaux meurent aussi), Jacques Feyder (Le Grand jeu), Jean Renoir (La Femme sur la plage), Raymond Rouleau (Les Sorcières de Salem) et Alain Resnais (Nuit et brouillard).
Ses pertinentes réflexions ont été publiées sous les titres Musique de cinéma (avec Adorno, L’Arche, 1972) et Musique et société, et réunies à l’occasion du centenaire par Albrecht Brecht (Maison des Sciences de l’Homme, 1998). Interprète privilégiée de Weill et Eisler, Eva Schwabe est de ces très rares chanteuses qui possèdent ce style cabaret, idéal dans un tel répertoire.
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