Pendant trois jours, Barcelone devient la capitale mondiale de l’électro, et tous les bidouilleurs en chambre en profitent pour prendre des couleurs, et danser jusqu’au bout de la nuit, les pieds nus, dans le sable.
Incontournable. Sonar est le rendez-vous annuel de tous les amateurs de musique électronique. Le festival doit son succès à deux choses : le cadre idéal de Barcelone, ville mirifique, et l’intelligence de sa programmation, qui sait marier avec une subtilité rare les artistes les plus pointus et les DJs les plus efficaces. Un modèle d’éclectisme et d’ouverture.
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Cette année, on y retrouvera les trublions de Sonic Youth, décidément de toutes les fêtes, venus interpréter leur album de musique contemporaine, Goodbye 20th Century. Sur scène, ils sont accompagnés par des musiciens comme Christian Fennesz, prodige du laptop. Début Juin, Thurston Moore et sa clique se produisaient devant un Olympia médusé, qui espérait un « vrai concert » de Sonic Youth : les sifflements soutenus de la salle ont dû revigorer Sonic Youth, ramenant le groupe à ses premières heures de tournées européennes. Ces temps-ci, apparemment, la musique contemporaine, jouée par de vieux rockers sveltes, demeure la forme musicale la plus subversive.
A Sonar, on devrait aussi voir le vétéran minimaliste Terry Riley, dont on ressort ces temps-ci une tripotée d’enregistrements inédits ou obscurs. Parmi lesquels un disque incroyable, You’re No Good, sur lequel Riley mêle des hurlements de Moog à un single de Northern Soul, sexuellement chargé, joué en boucle, et passé par diverses chambres d’écho et de réverbération. Le tout avait été réalisé vers la fin des années 60, à la demande d’un propriétaire de discothèque : la composition, qui dure 20 minutes, devait servir de bande sonore pour la boîte !
Mis à part ces deux poids lourds, Sonar regorgera de pépites électroniques, en tout genre. On y verra la petite furie Leila, l’hypnotisme rêche et dévastateur de l’allemand Isolée, les terroristes soniques d’Ultra Red, les énormes (au propre et au figuré) Masters at Work, l’indispensable Andy Weatherall, et des plateaux de labels, Warp, Mille Plateaux, Thrill Jockey, Tresor, Rune Grammofon et Blast First.
L’an dernier, le DJ set de Jon Wozencroft, boss du label anglais Touch, avait été un moment de bonheur intense, en plein après-midi : allongé sur des chaises longues, on se laissait volontiers entraîner par l’électronique brute et saturée de vibrations minimales, légèrement déphasées. Le soleil de Barcelone se chargeait du reste. Cette année, les sets de Jim O Rourke, venu là jouer les disques de son label Moikai, et de Rune Kristofersson du label Rune Grammofon, devraient emporter la mise de la programmation des siestes musicales.
Parmi la pléthore de labels venus là en dilettante ou en professionnels de la profession électro, Warp sortira ses artistes phares : Plaid, auteur d’un récent album très enjoué et mélodique, Squarepusher, qui a récemment signé le tube idéal de tous les étés, My Red Hot Car, morceau de 2-step salace. Et, surtout, Aphex Twin, qui, lui, n’a rien sorti depuis belle lurette. A Sonar, il fera le DJ, à l’aide sans doute des ustensiles hétéroclites qui ont fait sa réputation scénique : papier de verre et robot-mixer.
Enfin, on retrouvera cette année encore, Richie Hawtin. L’an dernier, déjà, son set était l’un des plus impressionnants du programme nocturne : 20 000 personnes s’étaient amassées à ses pieds, pour former une mer technoïde, se mouvant au rythme des beats précis du bonhomme. Le crâne rasé, les lunettes vissées sur le nez, Hawtin est impassible, et enchaîne les disques avec une précision froide et sanglante. Techno minimale et boucles dub : ses sets sont infernaux.
Sonar à Barcelone, les 14, 15 et 16 juin.
Renseignements : www.sonar.es
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