Paru à une époque où l’Islande sortait progressivement de l’œil du cyclone médiatique post-Björk et Gus Gus, le premier album de Bang Gang, You, fit beaucoup moins de bruit que le nom du groupe : ni Big Bang, ni Gang Bang, juste un timide clapotis en harmonie avec cette electro encore balbutiante. Avec Something Wrong, […]
Paru à une époque où l’Islande sortait progressivement de l’œil du cyclone médiatique post-Björk et Gus Gus, le premier album de Bang Gang, You, fit beaucoup moins de bruit que le nom du groupe : ni Big Bang, ni Gang Bang, juste un timide clapotis en harmonie avec cette electro encore balbutiante. Avec Something Wrong, Bardi Johannsson ? l’homme-orchestre de Bang Gang ? déploie un authentique savoir-faire de songwriter pop, capable de toutes les manipulations pour satisfaire son ego de démiurge, de Phil Spector des grands froids, bâtisseur d’un mur du son de lave et de glace. Le talent de ce marionnettiste hautain et pervers réside avant tout dans cette adresse à faire mousser celui des autres. Il convoque ici un joli éventail de voix féminines plus ou moins célèbres ? Esther Talia Casey, Nicolette, Keren Ann ? qui donne une bouffée d’air frais à ses chansons de chambrette.
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L’électronique réduite au strict minimum, il opte pour une acoustique automnale qui sied à la couleur mélancolique de l’ensemble. Il y a dans la nudité touchante des mélodies, notamment celles qu’il entonne lui-même, quelque chose de suranné rappelant les jeunes romances ébréchées de chez Sarah Records ou des premiers groupes Creation des années 80. Souvent, ces petites pop-songs d’abord frileuses, aussi désuètes en apparence qu’un herbier, laissent sans qu’on y prenne garde une trace profonde en mémoire. Et lorsque survient cette géniale reprise de Stop in the Name of Love des Supremes, tout en délicatesse juvénile, pimpante comme un premier rendez-vous amoureux, on regrette amèrement de ne plus avoir 15 ans.
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