L’indifférence a failli tuer His Name Is Alive : au bout de dix ans d’existence, ce groupuscule américain avait, jusque-là, peu mérité d’éveiller l’attention. Inscrit vaguement dans la mouvance de la new-wave néo-gothique, il aurait pu disparaître avec le plumage de ces années corbeau. Si bien que la beauté de Someday my blues will cover […]
L’indifférence a failli tuer His Name Is Alive : au bout de dix ans d’existence, ce groupuscule américain avait, jusque-là, peu mérité d’éveiller l’attention. Inscrit vaguement dans la mouvance de la new-wave néo-gothique, il aurait pu disparaître avec le plumage de ces années corbeau. Si bien que la beauté de Someday my blues will cover the earth nous serait restée inconnue : un désastre pour tous les vague-à-l’âme, une catastrophe pour la soul moderne. His Name Is Alive vient en effet de réaliser une mue tardive mais spectaculaire. La chenille indie quelconque s’est métamorphosée en un papillon noir à la sensualité venimeuse, à la beauté sans nom. L’heureuse conséquence d’épousailles artistiques à l’intensité rare : celles de Warn Defever, un songwriter manifestement à l’étroit dans son ancien costume, et de Lovetta Pippen, impressionnante porte-voix qui emprunte au gospel sa force et au blues sa mélancolie. Alliance de deux cœurs brisés, cet album, plein d’un spleen partageur et intime, évoque les romances condamnées sans sombrer dans un nombrilisme pathétique. Au contraire, ce blues se permet la folle élégance de ne pas baisser les bras, il s’accroche et ne se tait pas.