Prolifique et captivant, un songwriter qui est la meilleure nouvelle du genre depuis Sufjan Stevens.
Songwriter lo-fi mais sérieusement maniaque et prolifique, Emil Svanägen, l’homme seul qui se cache derrière le nom de Loney, Dear, accumule depuis plusieurs années une discographie ébouriffante, déjà riche de quatre albums, longtemps réservés à l’artisanat local.
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Cynique et arsenic rimant si glorieusement, les pisse-vinaigre et pisse-copie auront tôt fait de ricaner face à la narration extravagante, aux arrangements complexes et à l’inconscience généralisée de cette pop symphonique : on rappellera sans doute au pauvre Emil que Sufjan Stevens fait ça depuis des années et qu’il faut du toupet, voire de l’outrecuidance pour venir ainsi braconner sur ses terres. Sauf qu’Emil Svanägen a envisagé ? les dates d’écriture jouent en sa faveur ? ses chansons en toute ignorance des Michigan et Illinoise de l’Américain.
Il en partage pourtant l’élégance surannée, un don insolent pour l’écriture à tiroirs magiques et une boulimie d’ogre : il promet, sur son site, de sortir deux albums par an ? et ce, jusqu’en 2009, à l’ancienne. Car la musique de Loney, Dear remonte à un autre temps, celui d’avant le saucissonnage iTunes et la dictature sans merci du titre-île, quand on peaufinait encore des chansons qui s’enchaînaient logiquement, formant un récit, une trame, avec de patientes progressions, de subtils changements d’humeurs et de teintes. Bref, des albums.
Si le grandiose Sologne a été enregistré en 2004 mais ne sort qu’aujourd’hui en France, son merveilleux Loney, Noir, quatrième album et dernier en date, est commercialisé en même temps. Un nouvel album aux ambitions et aux charmes plus évidents, plus tape-à-l’œil, qui forme avec son prédécesseur un diptyque passionnant, à l’accoutumance redoutable. Car Emil a beau se spécialiser dans l’artisanat de chambrette, il ne sait construire que des palais.
Déception : on s’attendait à ce que Sologne soit le premier volet d’une longue série de disques dédiés à chaque région de France ? comme Sufjan Stevens est en train de composer un disque par Etat des Etats-Unis. C’était trop beau : Emil ignore tout de la Sologne, pensait que c’était un doux et mystérieux prénom féminin qu’il a un peu trop vite attribué à sa nouvelle (petite ?) amie imaginaire. Son album pourrait pourtant, à lui seul, réhabiliter à jamais Lamotte-Beuvron et transformer Romorantin-Lanthenay en lieu de pèlerinage pour romantiques mélancoliques.
Retrouvez aussi Loney, Noir (Sub Pop/EMI)
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