A travers la Chine, la Hongrie, Sarajevo et les Appalaches, le violoncelliste Yo-Yo Ma accomplit un voyage humaniste. Voilà un album plus que recommandable dont on ressort spirituellement nourri. Si le contenu se révèle à première vue hétéroclite, il n’est pas le fruit d’une sélection vaseuse comme les stars du classique savent souvent nous le […]
A travers la Chine, la Hongrie, Sarajevo et les Appalaches, le violoncelliste Yo-Yo Ma accomplit un voyage humaniste.
Voilà un album plus que recommandable dont on ressort spirituellement nourri. Si le contenu se révèle à première vue hétéroclite, il n’est pas le fruit d’une sélection vaseuse comme les stars du classique savent souvent nous le servir avec diligence. On ne se faisait pas trop de souci à propos de la Sonate de Kodaly, joyau du répertoire moderne pour violoncelle. On pouvait craindre le pire de ces musiques nouvelles, type impressionniste easy-listening. Non seulement tout passe comme une lettre à la poste, mais la cohérence du propos est aussi forte que l’interprétation servie. Le trip de Yo-Yo Ma, c’est une réflexion conjuguée sur les racines et le cheminement qu’il a développée au cours d’un voyage au Japon, dans le jardin du temple Ryoan-ji de Kyoto. Un moment de recueillement zen qui lui permet de cogiter sur les sources du son, sur les correspondances entre traditions et lieux géographiques. On navigue ainsi entre quatre zones : la Chine, la Hongrie, Sarajevo et les Appalaches.
Kodaly et sa Sonate, c’est presque inclassable comme forme musicale, tant les moments les plus antagonistes s’y succèdent. Un tissu rhapsodique qui n’épargne pas son interprète, imposant une sorte de rite d’initiation. Yo-Yo Ma se sort sans encombre de ce piège avant d’atterrir sur cette place de Sarajevo, théâtre d’un massacre humain en mai 1992. En signe de protestation, un violoncelliste de l’Opéra s’est rendu tous les jours à la même heure à cet endroit pour jouer en hommage aux disparus, au péril de sa propre vie. L’Anglais David Wilde a écrit une pièce qui évoque l’événement. De même que Kodaly, le Chinois Bright Sheng qui se réclame de lui, défie tous les modèles de pensée et d’écriture. Ses Seven tunes ont un parfum neuf ; c’est aussi vrai pour Appalachia waltz d’O’Connor qui présente un paysage vierge, investi de sonorités de cloches. Disponible dans plusieurs versions, cette pièce atteint sa véritable dimension sous sa forme soliste. En humaniste qu’il est, Yo-Yo Ma accomplit l’immense pèlerinage sans faute de goût.
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Yo-Yo Ma, Solo : Kodaly - Sonate pour violoncelle seul ; David Wilde - The Cellist of Sarajevo ; Alexandre Tcherepnine - Suite pour violoncelle seul ; Bright Sheng - Seven tunes heard in China ; Mark O’Connor - Appalachia waltz (Sony)
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