Plutôt que se plier aux dogmes de la drum’n’bass, Photek a préféré élargir son vocabulaire à la techno ou la house. Poilade ? Comment survit-on à un premier album aussi magistral que celui de Photek (Modus operandi) il y a trois ans ? De trois choses l’une : en se renouvelant, en bégayant ou en […]
Plutôt que se plier aux dogmes de la drum’n’bass, Photek a préféré élargir son vocabulaire à la techno ou la house. Poilade ?
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Comment survit-on à un premier album aussi magistral que celui de Photek (Modus operandi) il y a trois ans ? De trois choses l’une : en se renouvelant, en bégayant ou en s’ajustant à l’air du temps. Les (très) mauvaises langues diront que Rupert Parkes a choisi la dernière option. Parce qu’il tourne momentanément le dos à la drum’n’bass qui l’a vu démarrer, les rumeurs de trahison le guettent. Parce qu’il s’aventure en terra incognita avec ses influences techno et house en bandoulière, on voudra y voir de l’opportunisme. Faux. Il oblique et somptueusement. D’abord, il faudrait être sourd pour ne pas être frappé dès les premières minutes du disque par ce constat, digne des plus grands : Photek a clairement changé de démarche mais son pas reste reconnaissable entre mille. Connu pour la précision chirurgicale de ses beats et pour sa phénoménale science de l’épure, Photek a simplement décidé de chercher un peu de chaleur humaine hors de l’asile sublime mais glacial dans lequel il s’était lui-même laissé enfermer. « Avec Modus operandi, j’étais concentré à mort sur la recherche du breakbeat ultime, se souvient-il. L’attitude a été beaucoup plus détendue cette fois. Le but était surtout de réfléchir le moins possible, de faire la musique que j’avais vraiment envie d’écouter et d’oublier toutes les théories alambiquées bâties en compagnie des journalistes autour de mon premier album. » Exit le calcul maniaque, la savante complexité, la traque obsessionnelle de la surcharge : place à l’instinct, à la souplesse du hasard, et au chant (sur trois titres). Rupert Parkes cesse enfin de vouloir contrôler les beats à tout prix, il n’en bride plus le flot et les laisse se dérouler librement. Pour autant, sa musique demeure d’une rigueur exceptionnelle. Sa production était exigeante et elle le reste : seule une attention soutenue peut en révéler toutes les subtilités et toute la beauté. Mais là où Modus operandi ne pouvait se passer de cette écoute appliquée, si possible assis ou à l’horizontale, Solaris supporte aussi une écoute plus distraite et à la verticale. C’est un scoop : on peut désormais danser sur Photek. Certes, l’insouciance artificielle et les effets faciles que s’arrachent les dance-floors sont encore loin, mais les deux joyaux house Mine to give et Can’t come down révèlent une sensualité et un optimisme jamais repérés auparavant chez l’austère Photek. Il n’empêche, malgré son titre, malgré sa pochette riante, cet album reste placé comme son prédécesseur sous le signe d’un indicible spleen galactique, intense et troublant. On ne se refait pas.
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