Pour beaucoup l’Opéra Garnier rappelle de vagues souvenirs d’enfance, une après-midi avec mamie ou un guide qui parle du nez : « Et là levez la tête et admirez le plafond peint par Chagall… », rien de très sexy ni de très rock n’roll. L’Opéra pense-t-on c’est pour les vieux et l’on préférera de nos jours aller s’encanailler au Paris Paris à deux pas de l’antre napoléonienne poudrée et dorée. Autre époque, autre temple?
Pourtant ce soir, nous sommes invités par Nokia à venir faire des sauts de chats à l’Opéra en compagnie de grosses pointures du rock et de l’électro actuels. Endroit et affiche exceptionnels, le mastodonte de la téléphonie mobile a sorti l’artillerie loure et ne compte pas se faire oublier. A l’entrée, une armée de blondinettes, black-dressed et large sourire ont pris la place des petits rats roses et vous indique la marche à suivre. Badge, bracelet, programme vous voilà harnachés pour partir à l’assaut des étages. Le concert de Franz Ferdinand vient à peine de commencer et il ne reste plus que quelques places au poulailler.
Finalement, c’est peut-être le meilleur endroit, historiquement celui des manants, le quatrième étage offre un joli panorama: superposition de dorures, de balcons et de gens heureux. A chaque hymne des dandys écossais, c’est la ola, tous debout devant les strapontins de velours. Il faut dire que les Franz Ferdinand sont en pleine forme et s’acclimatent parfaitement au décor, ils nous offrent un show flamboyant et classe avec jeu de jambes et guitares hurlantes.
En sous sol, c’est une autre histoire. Ambiance plutôt policée pour Justice qui a investi l’étrange espace électro, une rotonde avec carrelage fleuri transformée en dance-floor. Les deux parisiens tabassent à un horaire plutôt inhabituel et la température a du mal à monter ce qui nous laisse le temps de flâner et de se perdre dans les coursives labyrinthiques du lieu.
Soulwax prend la relève dans la grande salle pour un set plutôt classique mais efficace avant de laisser la place à Kelis devant une foule assez impatiente. Non, Kelis n’a plus les cheveux orange, non Kelis n’est pas petite et ronde, Kelis est une grande plante sculpturale qui arrive sur scène en mini-robe bustier et talons aiguilles, une coupe de cheveux tendu vers le ciel, très Grace Jones. Mais le look vintage ne fait pas forcément la diva black, la chanteuse s’agite de façon subjective, le bassin en avant mais les morceaux ne sont pas très audibles et tout cela manque de spontaneïté.
Nous raccrochons la vague électro avec Tiga, qui réussit à rallier les déçus en dégainant ses tubes imparables. 2 many dj’s prend la relève sans perdre le rythme, nous rentrons enfin dans la nuit avec enthousiasme et patatra, la sono lâche au meilleur moment, les bras retombent le long du corps. Nous allons donc jeter un coup d’œil à Rinocérôse, malgré les interventions du chanteur de Fancy, pile électrique à coupe afro, rien de très excitant en ce qui concerne ce groupe de rock un peu dépassé?
Il est temps d’aller profiter des balcons et contempler le balai des voitures sur la place, il faut avouer que ça a de la gueule