En totale autarcie, cet infatigable globe-trotter élabore une world music unique au monde.
Plages contemplatives, instruments exotiques à foison, mélanges de sonorités asiatiques, européennes et sud-américaines, voix psalmodiées : voilà une musique qui, à priori, cumule toutes les tares du new-age et de la world music réunis. Avec Snow, son dix-huitième album à ce jour, Stephan Micus, une fois encore, rend pourtant une copie exemplaire, vierge de tout cliché. Depuis trente-cinq ans, cet Allemand errant parcourt le globe en tout sens, non pas comme un touriste en manque de pittoresque, mais comme un inlassable collecteur de savoirs, recueillant les leçons des maîtres de musique du monde entier. L’ambition de cet homme plein de tact (il manie ici une douzaine d’instruments, du doussn’ gouni africain au duduk arménien, du charango andin à la cithare bavaroise) et à la gorge profonde (son timbre rappelle celui de Brendan Perry, de Dead Can Dance) n’est pas de mettre des traditions ancestrales au goût du jour : il accorde tout ce qu’il touche au diapason d’une pensée vagabonde et parfaitement structurée, assez proche dans l’esprit des divagations poétiques de la Française Colleen. Dans l’intimité de son studio, qui évoque plutôt l’atelier d’un peintre, cet adepte de l’épure brosse patiemment, nuance après nuance, des pièces aux dimensions variées (de la miniature à la fresque), enrichies par les empreintes du silence et du temps qui passe. En totale autarcie, Micus élabore ainsi une forme de world music unique au monde, épousant le souffle d’un homme qui voyage en solitaire, que nul n’oblige à se taire, et qui chante la terre comme aucun autre.
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