Deux hérauts et héros du hip-hop,Timbaland et Snoop Dogg, font des disques comme on va au bureau. Si le second convainc un peu plus que le premier, les deux albums peinent à emballer.
[attachment id=298]Shock Value, projet crossover d’un Timbaland qui se rêvait omniscient, donnait déjà quelques signes de faiblesse en 2007 en s’aventurant sur un terrain rock approximatif. Cette seconde mouture en forme de virage pop confirme le déclin de celui qui fut un des producteurs les plus novateurs de la musique noire, démiurge d’une brousse urbaine au minimalisme aussi déroutant qu’efficace. Hamburger indigeste saturé de stars, Shock Value II est un disque dance-pop banal accordé aux couleurs des FM américaines. Tout y est simpliste, synthétique et froid, parcouru de mélodies générées automatiquement qui ne masquent pas l’haleine fétide de nouvelles stars déjà rances (Miley Cyrus, Katy Perry, SoShy). Le génie danse encore sur des productions rêches où l’on sent que Timbaland n’a pas sous-traité la totalité du disque au service maquettes de chez Korg, mais ses incursions teenage-pop plus que douteuses ruinent ces efforts (If We Ever Meet). Proche du génial Sexyback de Timberlake, Morning After Dark pourrait s’en tirer si l’autotunée SoShy ne faisait dérailler l’affaire avec autant d’application. On touche ici à l’univers improbable d’un ex-tueur devenu suiveur, un disque en carton bouilli qui ne résistera pas à la première pluie.
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[attachment id=298]C’est le gros avantage de Snoop Dogg : cet être fluet à tête de chien se tape royalement de l’electro-pop, assume ses influences funk et son catéchisme gangsta, qui ne gangstérise d’ailleurs plus rien à part les dance-floors. Les potions travaillées par Lil Jon, Battlecat ou The Neptunes tiennent ici au corps, au croisement d’un funk aride inspiré par la bounce sudiste, des breaks erratiques du dirty South et de généreuses enluminures funky. De fait, ce dixième manuel de pimpin’ détaillé ne dépareille pas dans l’élégante collection du maître-chien, même si le lascar semble parfois invité sur son propre album : lorsque le beat l’inspire, son flow de velours versifie quelques strophes fabuleuses, débitant les pires insanités sans sourciller. Lorsqu’il l’ennuie, il quitte la scène, esquisse quelques pas de c-walk avec les potes puis replonge dans l’épais canapé en cuir où des bitches aux poses lascives chantent ses louanges. C’est alors sa ribambelle d’invités (R. Kelly, Soopafly, Kokane) qui prend le relais, invitant ta plus jeune soeur à se défaire illico de ses bonnes manières.
Albums : Shock Value II (Interscope/Polydor/Universal) et Malice N Wonderland (EMI)
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