Chansons ravissantes et objet de luxe : I’m your Mann.
(SuperEgo Records/Naïve)
Les derniers disques d’Aimee Mann (Lost in Space, The Forgotten Arm…) étaient d’honnêtes albums aux chansons impeccablement interprétées à la voix blanche mais au final un peu prévisibles. Malgré une volonté de bien faire (textes réfléchis, production toujours somptueuse…), on sentait Aime Mann ailleurs, difficilement concernée, extérieure à ses chansons. @#%& Smilers est d’une toute autre classe, renouant avec la fluidité, la légèreté et la force qui avaient fait d’I’m with stupid, son album de 1995 réalisé avec Jon Brion, une œuvre si intemporelle. Certains morceaux y font d’ailleurs invariablement penser (Phoenix), ou remontent même plus loin dans la temps, comme It’s Over qui rappelle nostalgiquement The Other End (of the Telescope), écrite avec Elvis Costello pour Til Tuesday, son groupe des années 80. Ici, les arrangements sont fins (Colombus Ave, Little Tornado et son frissonnement de cordes), sa voix perd en sécheresse, se fait caressante et séduisante, chaque instrument joue son rôle avec modestie et discrétion, laissant le chant s’enrouler et se développer au fil des morceaux. L’absence de guitare électrique aère les mélodies dont la belle souplesse est fournie par la basse (Freeway), leur tension et leur chair provenant des claviers et du piano, toujours inventifs. Surtout, @#%& Smilers comporte de vraies chansons, magnifiquement écrites, aux airs simples mais irrésistibles, où les accords mineurs de Mann sortent enfin de leur neurasthénie. Finissant de faire de ce disque un objet précieux, l’édition “Deluxe” de @#%& Smilers se présente sous la forme d’un mini-livre composé d’illustrations formidablement désuètes et ironiques du dessinateur Gary Taxali.
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