Chronique tardive pour cet album de toute façon hors temps, hors cadre. Critique et écoute.
Deuxième volet (un premier effort publié en 2011) des aventures de l’improbable homme de Bombay, tiré par le col d’un destin fâcheux (addiction, paupérisme) par le flamboyant Lyonnais Cédric de la Chapelle, guitariste qui jadis inculqua Bollywood à Thomas Fersen. Le caractère christique (il a beaucoup souffert, il revient parmi les vivants) de Joseph Manuel “Slow Joe” Da Rocha n’échappe à personne, et c’est exactement ce que nécessite l’époque : des rides comme des sillons prodigieux où bouturent les fleurs de la dignité, de la constance, et des vrais questions existentielles (suis-je trop vieux pour être aimé ?).
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
La démarche prend naturellement tout son sens lorsque, comme ici, elle s’avère impulsée par un orgue Farfisa grelotant et des guitares marécageuses, une voix surgie du fond des âges et de la gorge, et un grand écart esthétique permanent entre les impulsions libidineuses des 50’s et la soie de la pop contemporaine. S’ajoute à l’inventaire le recyclage de Cover Me over, ici prétexte à duo entre Yael Naim et le septuagénaire, haut la main slow absolu de l’hiver. Lou Reed est mort, Keith Richards sniffe les cendres de son père : il nous reste Slow Joe.
{"type":"Banniere-Basse"}