“Sleep no more“, plus de sommeil possible, effectivement. Comment trouver le sommeil du juste quand tout ici, de ces beats menaçants aux rimes névrosées de Sage Francis ou Buck 65, invite au cauchemar éveillé ? Obsédé de vinyles de films noirs ou d’épouvante, le jeune DJ américain fait partie de l’élite des nouveaux turntablists, ces […]
« Sleep no more« , plus de sommeil possible, effectivement. Comment trouver le sommeil du juste quand tout ici, de ces beats menaçants aux rimes névrosées de Sage Francis ou Buck 65, invite au cauchemar éveillé ? Obsédé de vinyles de films noirs ou d’épouvante, le jeune DJ américain fait partie de l’élite des nouveaux turntablists, ces (derviches) tourneurs de disques qui ont mis leur virtuosité à l’unique service d’ambiances délétères, viciées.
Nettement moins lumineux que DJ Shadow, forcément moins facétieux que Kid Koala, mais largement aussi expert que ces deux maîtres dans l’art de bâtir une atmosphère sur du vent, DJ Signify travaille donc principalement dans l’ombre, l’halitueux. Aussi physique que cérébral (le magnifique Winter s Going avec un Buck 65 à son sommet lynchien), son premier album ne se contente donc pas d’affoler et angoisser le cerveau : il distribue aussi, en des beats précis et des scratches glaçants, de violents coups bas. Test de virilité : écouter Sleep No More seul dans le noir, avec Joe Spinell dans Maniac à la télé. Les survivants peuvent écrire au journal, leurs sueurs froides faisant foi.