Un peu de hard, ça ne fait jamais de mal. Surtout lorsqu’il s’agit de ce bon vieux Slash, l’un des plus truculents personnages du rock qui fait ouille. Stars du porno, Michael Jackson, Guns et Guitar Hero : interview d’un sacré personnage, et écoute intégrale de son nouvel album.
A 45 ans, l’ex guitariste des Guns’n’Roses qu’il a quitté en 96 sort enfin son album solo. Celui qui a joué avec tout le monde de Stevie Wonder à Michael Jackson en passant par la B.O de Jackie Brown de Tarantino arbore toujours la même trilogie vestimentaire : Gibus en cuir/ Ray Ban « glacier »/ anneau dans le nez. Sa barbe naissante grisonne un chouïa, mais pas sa tignasse qu’il teint (hé oui !) Seule manque la fameuse bouteille de Jack Daniel’s –il est sobre depuis trois ans- mais sa Gibson est à portée de main. L’homme, répond de sa voix douce et enjouée, avec une réserve toute british.
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Que reste-il de ton héritage anglais, toi qui as quitté Londres à dix ans ?
En fait j’avais six ans, mais l’info comme quoi j’en avais dix traîne toujours sur le net. Il me reste plein de souvenirs de cette époque : musicaux déjà, par mes parents assez branchés, puisqu’ils bossaient dans le show-biz. Hendrix bien sûr que mon père a rencontré, mais aussi Led Zep ou les Yardbirds. Soit la crème du rock anglais. Au début des années 90 quand on passait à Wembley j’ai renoué contact avec la famille de mon père, mon oncle…Je possède les deux nationalités. Avant, j’ai eu un paquet de tracas avec les services de l’immigration à cause de ça (rires)
(Lui montrant la couv’ des Inrocks 2 spécial Michael Jackson)
J’aimerais savoir quels souvenirs tu as gardé de…
Michael… j’ai fait tellement de choses avec lui. C’était bien. Je n’ai rien de mal à dire sur l’homme. Ca a été une fierté et un honneur de bosser et tourner avec lui. C’était simplement fabuleux d’arpenter la même scène alors qu’au début, pour Dangerous il était prévu que je ne fasse qu’une chanson. Il était épatant. Très doux et en même temps très, très pro. Sachant exactement ce qu’il faisait et les erreurs à éviter. Ce n’était pas un esclavagiste. Pas le genre à te dire « fais ci », « fais ça ! ». Il faisait en sorte que les gens se sentent bien autour de lui pour pouvoir atteindre sa propre vision des choses.
Te donnait-il des instructions précises ?
Pas du tout et c’est ce qui rendait ma relation avec lui si cool : il me laissait faire exactement ce que je voulais. Par exemple, les chorégraphies sur scène ce n’est pas mon truc, il me disait « pas de souci, occupe toi juste des guitares ! » J’ai donc joué avec lui par intermittences jusqu’en 2001, pour son 30e anniversaire en solo, à New York, la veille du 11 septembre…
Avez-vous gardé le contact par la suite ?
On est restés un bout de temps sans se parler, suite aux premières accusations contre lui. Puis il m’a invité avec Robert Evans, le producteur du Parrain devenu un ami. C’était en 2003, après la naissance de mon premier fils London. Ma femme et moi sommes donc allés chez lui avec le bébé que j’ai présenté à Michael. Ce fut notre dernière rencontre.
Comment as-tu réagi à sa mort ?
J’ai trouvé ça triste. Que dire d’autre… D’autant que les 10 dernières années de sa vie n’ont pas été faciles. J’étais content de le voir se remettre en selle avec les shows londoniens. Mais c’est triste de voir où le travail l’a conduit. Il avait une telle influence sur la pop : tout le monde lui doit quelque chose. Moi-même tout môme, à l’époque de la folie Jackson 5, j’adorais le groupe.
Quel fut le moment le plus mémorable sur ton disque solo réunissant 12 chanteurs différents, jouer avec Ozzy, Lemmy, Iggy … ?
Pour moi ce qui résume le mieux ce disque fut l’enregistrement du morceau avec Iggy Pop. Ca fait un bail qu’on se connaît et j’ai été honoré qu’il soit le premier à sauter dans un avion pour venir enregistrer à L.A. Sa contribution a servi de détonateur. Je me suis dit « si c’est si bien avec lui, le reste de l’album devrait se passer encore mieux ! »
Seule entorse au casting rock/metal, Fergie des Black Eyed Peas ! Comment l’as-tu rencontrée et amenée à chanter avec toi ?
Ca s’est fait tout simplement et ce fut un régal. Je la connais depuis une jam avec les B.E.P et d’autres pour un concert de charité il y’a trois ans. On devait chanter un medley rock. Quant elle a attaqué Black Dog de Led Zeppelin j’ai réalisé qu’elle avait la voix la plus rock que j’ai entendue en 20 ans…et elle ne s’en rendait pas compte ! Sa voix a tilté dans mon esprit et au moment d’enregistrer mon album l’an passé, un des titres me semblait lui aller comme un gant. Elle s’est pointée sous huit jours, avec une mélodie funky d’enfer, des super paroles. Fergie a la classe !
Etait elle consciente du fait qu’elle pouvait chanter du rock ?
Non, elle avait toujours voulu en chanter mais n’avait jamais eu l’occasion. Donc, c’était bien pour nous deux. D’ailleurs depuis, elle prépare un album solo très rock. J’ai aussi joué avec Rihanna l’an passé qui m’avait sollicité pour Rated R, mais finalement il y’a eu bien moins de guitares dessus que prévu (rires).
A la grande époque des Guns, tu sortais avec des stars du X, comme Lois Ayres. T’est tu vu en précurseur du rapprochement Porno/Metal, ouvrant la voie à Marylin Manson ou Evan Seinfeld*?
Et bien je n’avais jamais vu ça de la sorte, mais je crois qu’en fait, pas mal de musiciens sortaient avec des stars du X avant moi. Motley Crüe déjà…Bon, pour la plupart des musiciens qui débutent, les filles du X semblent excitantes, sexuellement open, accessibles. C’est peut-être vrai mais la réalité est que pour elles, le sexe est un choix de carrière, donc hors des plateaux elles ne sont pas vraiment branchées baise. (rires) Sortir avec elles relève donc un peu de l’illusion. En plus dans ce milieu il faut bien tomber, il y’a des filles vraiment barrés mais d’autres très drôles avec qui il est agréable de traîner.
Tu possédais alors une fameuse collection de serpents. T’en es tu réellement débarrassé à la naissance de ton fils ?
Oui, de tous, car ils étaient vraiment immenses. Le plus grand faisait 3,50 m. Je les ai donné à des gens ou des organismes qui sauraient bien s’en occuper comme le zoo de Los Angeles. Bon j’avoue en avoir récupéré un depuis : un Anaconda, mais c’est OK, mes enfants ont grandi, ils peuvent assumer d’avoir un serpent à la maison. (rires)
Ta mère (Ola Hudson, décedée en 2009) créatrice de mode, entre autres pour David Bowie a elle marqué ts goûts en terme de look ?
J’ai plutôt trouvé mon style moi-même, mais je dois admettre qu’à 19/20 ans, aux tous débuts de Guns, ma mère m’a cousu un splendide pantalon en cuir. A ce moment elle bossait surtout pour le milieu de la danse.
Tu es l’emblème du jeu video Guitar Héro III, aimes tu ce genre de jeux ?
Je ne suis pas un passionné, je peux me mettre à la console avec mes enfants quand ils jouent, mais je n’ai rien d’un gamer. Et je n’ai pas le temps. Je suis le genre de type qui a des remords s’il ne fait rien pendant plus de dix minutes.
En parlant de tes enfants, fais tu du BMX avec eux, toi qui fus champion ado…si tu en as encore un au fond de ta cave ?
J’en ai encore un ou deux oui et mes fils aussi. Il arrive qu’on aille se balader ensemble et je leur montre une ou deux figures. Evidemment ma seule crainte en tant que guitariste c’est de mal assurer et de me casser un bras ou un doigt.
Si Axl Rose n’avait pas refusé tes morceaux pour l’album qui aurait du suivre Use your illusion, serais tu resté plus longtemps dans Guns ‘n’Roses ?
Je ne pense pas que ça ait vraiment eu grand-chose à voir avec ces morceaux de l’époque Snakepit. S’il s’était juste agi de divergences musicales, je pense que l’on s’en serait remis. C’est le genre de différend qui peut se résoudre. Mais le fond du problème n’avait vraiment rien à voir avec ça…
Je sais que c’est Ozzy Osbourne qui a écrit les paroles de Crucify the Dead** mais, jusqu’à quel point peuvent elles être lues à travers le prisme de ta relation avec Axl ?
Pour moi ce titre aborde une situation particulière qui du coup peut s’appliquer à celle qui fut la mienne avec Axl. Je ne nierai pas les similitudes entre ce qu’on a vécu et le texte du morceau… qui en même temps ne fait que décrire une situation fréquente chez les musiciens. Mais je ne pense pas qu’il l’ait écrite en pensant à moi. C’est un scénario assez classique.
Qu’il a d’ailleurs vécu avec Black Sabbath…
Exactement
Reverra-on un jour Slash et Axl partager une scène ensemble sous pavillon Guns’n’ Roses, par exemple pour un événement très spécial type Live Aid?
Rien ne laisse penser que ça puisse arriver. On ne sait jamais, mais je pense que ce n’est pas pour demain. Si tous les membres du groupe veulent que ça se passe et en parlent sérieusement, alors OK, mais nous n’avons fait aucun pas dans cette direction.
Ta participation au Hellfest est maintenant confirmée, en profiteras tu pour jammer avec Alice Cooper qui passe après toi ?
Je resterai pour voir jouer Alice, ça c’est sûr ! Quant à monter sur scène avec lui on verra. Mais c’est le bon côté d’avoir joué avec tant de musiciens. Quand j’en croise un en festival, je peux envisager une petite apparition sur scène. Les jams pour moi, c’est un esprit de rencontres : ce côté spontané du rock qu’on ne devrait jamais perdre de vue. Malheureusement je trouve que ce n’est plus trop le cas. Sinon notre planning de tournée est serré mais j’adorerais jouer en club à Paris.
*leader musculeux et tatoué du groupe de hardcore new yorkais Biohazard, connu pour son rôle dans OZ
** « A loaded gun jammed by a rose »
Album : Slash (1CD) Roadrunner Records
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