Du nouveau chez nos amis destroy, longtemps condamnés à l’immobilisme glapissant. A force de trépigner sur place, le punk-rock britannique a fini par creuser son trou, s’enraciner dans la rogne et produire d’étranges fleurs. Barbelées. Ainsi Urusei Yatsura, orchidée carnivore poussée à Glasgow. De la rage pour humus, du fiel pour sève, des pitreries pour […]
Du nouveau chez nos amis destroy, longtemps condamnés à l’immobilisme glapissant. A force de trépigner sur place, le punk-rock britannique a fini par creuser son trou, s’enraciner dans la rogne et produire d’étranges fleurs. Barbelées. Ainsi Urusei Yatsura, orchidée carnivore poussée à Glasgow. De la rage pour humus, du fiel pour sève, des pitreries pour pollen et des pétales couleur vitriol. Ce qui donne le genre de disque écervelé qu’on avale avec comme alibi un vieux précepte des Cramps (« You’d better leave your mind at home » « Vous feriez mieux de laisser le cerveau au vestiaire » , sur Psychedelic jungle). La raison au vestiaire, le bon sens aux abonnés absents. En japonais de BD, Urusei Yatsura signifierait « extraterrestres bruyants ». Pas de quoi faire renoncer ces voraces petits hommes (per)verts aux nourritures terrestres. Sur les rives de la Clyde, on a autrefois fait fortune grâce au commerce du rhum et du sucre deux denrées chères aux songwriters d’Urusei Yatsura. Graham Kemp agresse, Fergus Lawrie caresse. Les refrains fêtards se mettent en pétard, les gourgandines soulignent leurs rondeurs de bikinis en fourrure de tigre synthétique (Hello tiger), la concupiscence piétine les plates-bandes du désir, lequel fait de l’ombre à la lubricité. Chez Urusei Yatsura, on découpe les pâtisseries à la tronçonneuse (N° 1 cheesecake), on soumet à la bastonnade l’indicatif de Batman (Glow stars), on scotche des harmonies bubble-gum narquoises sur un redoutable arsenal de guitares fuzz insurrectionnelles. Insatiables, les Urusei Yatsura se goinfrent de flammes (Flaming skull) comme de flemme (King of lazy), célèbrent la tuerie (Slain by elf) autant que la rouerie (Fake fur). Clowns sadiques, ils vitriolent la pop et collent un pif rouge au cafard no future, donnent le vertige au chapiteau en faisant danser les éléphants et ronronner les fauves. Quand ils ralentissent un instant pour reprendre leur souffle, il leur arrive même de composer des chansons cristallines : les harmonies apaisées d’Amber suggèrent qu’ayant mis un tigre en peluche dans le moteur de l’histoire, ces vandales aux débordements moyenâgeux louchent déjà sur les fastes printaniers de la Renaissance.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}