Producteur pour Booba, Diam’s et surtout Orelsan, Skread compile ses instrumentaux. Critique et écoute.
Il n’a pas volé son nom : Skread (discret, en verlan) n’est pas du genre à parader. Son nom n’est connu que de ceux qui décryptent les crédits des disques ; ils l’ont découvert sur La Boulette de Diam’s ou Tallac de Booba. Alors qu’il signe aujourd’hui tube sur tube derrière Orelsan, on se souvient de ce Caennais inconnu qui, il y a dix ans, envoyait ses mixtapes aux magazines de rap : “Ça a démarré par hasard. J’étais étudiant, je faisais des beats et j’en envoyais à droite à gauche. Brusquement, Booba en a pris un, puis Diam’s, puis plein d’autres…”
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Mais il y a plus : Skread délaisse rapidement le sampling pour se tourner vers la composition. “Au début, tu empiles des samples mais tu es vite coincé car le sample en lui-même est une limite. Pour sortir de la ‘boucle’, il te faut composer, ‘jouer’ la musique.” Claviers et expandeurs forment peu à peu l’ossature de son travail avec Orelsan, auprès duquel il endosse par ailleurs un rôle de plus en plus global : “Sans lui, il ne se serait pas passé grand-chose, rigole Orelsan. C’est lui qui m’a poussé à rapper, à enregistrer, c’est lui qui savait comment on sort un disque ; il connaissait des détails qui ne m’effleuraient pas, de la composition aux contrats.”
Travailleur de longue haleine dans un univers de beatmakers en mode livraison rapide, Skread porte sa réussite sur lui. Le blondinet parle précis, d’une voix mesurée, et sait où il va : “Avec Orel, c’est un travail sur la longueur, je veux créer un univers. L’album Le Chant des sirènes a été ce terrain : tu prends ce couplet, tu le mets ici ; ce refrain, il sera plus efficace sur tel autre titre, etc. C’est un travail de cohérence globale, un truc de producteur.” Orel confirme : “J’avais trouvé ce gimmick pas mal que je voulais mettre à la fin d’un morceau. Skread ne voulait pas, il m’a fait chier pendant des jours et a fini par me convaincre de faire un autre morceau avec. C’est devenu La Terre est ronde et ce gimmick, c’est le refrain que tout le monde connaît… Il a cent fois plus de flair que moi.”
Sur sa compilation, Skread livre le négatif de ce travail, les pianos, les breaks et les gammes qui ont fait d’Orelsan – et d’autres – des héros du rap français.
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